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SYRIE. La Turquie accusée de saboter l’accord du 10 mars

SYRIE / ROJAVA – La Turquie œuvre à saboter l’accord du 10 mars conclu entre les autorités arabo-kurdes du Rojava et Damas, rappelle l’écrivaine syrienne Mays Kraydi citée par l’agence ANHA.

L’écrivaine politique syrienne Mays Kraydi

Une écrivaine syrienne estime que l’ingérence croissante de la Turquie dans les affaires syriennes vise à étendre son influence et à entraver tout dialogue interne en Syrie. Elle considère que la position de la Turquie concernant l’Accord du 10 mars s’inscrit dans une stratégie plus large visant à priver l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie et les Forces démocratiques syriennes (FDS) de leur statut spécial, tout en instrumentalisant le gouvernement de transition pour servir ses intérêts régionaux.

L’écrivaine politique syrienne Mays Kraydi a évoqué l’évolution de la scène politique syrienne après la chute du régime baasiste et le rôle croissant de la Turquie dans l’ingérence directe dans les négociations entre les parties syriennes, notamment sur les dossiers politiques et sécuritaires sensibles.

Elle a soutenu que la Turquie poursuit la mise en œuvre de son projet expansionniste en Syrie, s’appuyant sur son occupation des villes et des régions syriennes, et cherchant à étendre son influence vers d’autres zones, atteignant la côte en raison de son importance stratégique et économique, notamment en ce qui concerne les ports et les voies énergétiques.

Kraydi a expliqué que la Turquie suit une politique de procrastination et exploite les accords principalement pour gagner du temps, dans le cadre d’un mécanisme visant à réhabiliter le gouvernement de transition en Syrie, en prélude à un projet plus vaste qui s’inscrit dans un contexte de changements régionaux et internationaux.

Elle a souligné que la Turquie fait obstacle à toute voie qui limite ses politiques expansionnistes ou freine son influence.

Elle a fait remarquer que la Turquie considère la Syrie comme un champ d’influence régionale et cherche, par son intermédiaire, à assurer une position avancée à son projet d’islam politique, soulignant que les politiques d’Ankara découlent du programme du Parti de la justice et du développement plutôt que des intérêts des Syriens.

Kraydi a souligné que la Turquie s’emploie à démanteler progressivement les structures politiques et militaires des composantes syriennes et cherche à vider de sa substance tout projet national d’envergure. Elle a déclaré : « Les Forces démocratiques syriennes figurent parmi les principales cibles de ce plan, car Ankara ne reconnaît l’existence d’aucune composante syrienne indépendante et instrumentalise les factions affiliées à Hayat Tahrir al-Sham pour mettre en œuvre son agenda. »

Elle a souligné que s’opposer au projet turc exige la cristallisation d’une position nationale syrienne qui protège la diversité des composantes et rejette l’instrumentalisation des accords internationaux pour imposer des modèles de gouvernance unilatéraux servant des intérêts extérieurs. Elle a affirmé que l’adhésion au principe de partenariat et de fédéralisme politique constitue une garantie fondamentale de stabilité.

Kraydi a indiqué que le gouvernement de transition, tant sur le plan idéologique que pratique, constitue un outil entre les mains d’Ankara pour mettre en œuvre ses plans en Syrie, dans le cadre de ses efforts pour combler tout vide régional potentiel et faire revivre son projet ottoman sous une nouvelle forme.

Concernant les déclarations répétées et la gestion par les responsables turcs de l’accord du 10 mars, et les pressions exercées pour intégrer les Forces démocratiques syriennes aux forces du gouvernement de transition, elle a confirmé que leur essence est « le désarmement des Forces démocratiques syriennes en faveur de Hayat Tahrir al-Sham ».

Depuis le 10 mars dernier, l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) s’efforce de mettre en œuvre l’accord conclu entre les Forces démocratiques syriennes et le gouvernement de transition. Cependant, les négociations entre les deux parties sont au point mort, et de nombreuses dispositions de l’accord restent suspendues.

 Les observateurs estiment que cela est dû, d’une part, à la procrastination et à l’esquive du gouvernement de transition, et d’autre part, à des ingérences extérieures. (ANHA)