TURQUIE / KURDISTAN – La neuvième édition du Festival du film documentaire FilmAmed a débuté dans la ville kurde de Diyarbakir (Amed) avec la projection de « Jinwar » [le village des femmes libres basé au Rojava]. Une foule immense a assisté à la cérémonie d’ouverture, axée sur la résistance culturelle, le point de vue des femmes et le pouvoir du récit.
Le 9e Festival du film documentaire FilmAmed s’est officiellement ouvert vendredi soir avec la projection du documentaire « Jinwar ». Cette cérémonie d’ouverture, qui s’est tenue au Centre des congrès Çand Amed, a attiré plusieurs milliers de visiteurs, dont des représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile et d’acteurs du monde culturel.
Le festival est organisé par les municipalités d’Amed (Diyarbakır) et du district de Payas (Kayapınar), en coopération avec l’Académie du cinéma du Moyen-Orient et l’association « Sanatça ». Il met l’accent sur l’exploration cinématographique de la mémoire, de l’histoire et des conflits sociaux. Le thème de cette année est « Racines… Légendes authentiques autour du feu », une référence à la mémoire collective et aux traditions orales. Le festival se déroule jusqu’au 30 septembre.
En mémoire des voix influentes du cinéma kurde
Mir Mustafa Baydemir, de la Middle East Film Academy et membre du comité du festival, a ouvert le programme par un discours soulignant le pouvoir de la narration : « Ici, nous donnerons de l’espace à nos histoires. FilmAmed donne vie à l’écran, loin du glamour superficiel. Ce faisant, nous rendons hommage à des personnalités telles que Sırrı Süreyya Önder, Halil Dağ et Yılmaz Güney. Leurs voix font partie intégrante de notre travail. »
Le discours de Baydemir a été interrompu à plusieurs reprises par les chants de « Şehîd namirin » [Les martyrs sont immortels]. Il a conclu en citant le poème « Ben geldim » (« Je suis venu ») du journaliste et cinéaste britannico-kurde Mehmet Aksoy, tombé martyr à Raqqa en 2017.
Le film documentaire comme voix de la vérité
Berivan Gülşen Sincar, du parti DEM et co-maire du district de Kayapınar, a souligné l’importance du cinéma documentaire : « FilmAmed donne de l’espoir pour l’avenir. Ce travail a été réalisé malgré l’administration tutélaire imposée par l’État et une politique de déni. Car si la langue, la culture et l’art d’un peuple ne sont pas libres, son avenir ne peut pas l’être non plus. »
Le co-maire Cengiz Dündar a également mis l’accent sur la résistance culturelle et a remercié toutes les institutions qui la soutiennent, déclarant : « La société kurde a toujours résisté à des décennies d’assimilation. »
Musique, film et message du Rojava
Le chanteur kurde Mehmet Atlı a assuré l’accompagnement musical. Ses chansons ont été accueillies avec enthousiasme par le public, et de nombreuses personnes se sont spontanément jointes à elles. La projection a suivi : le documentaire Jinwar, du nom du village de femmes du même nom, situé dans le nord-est de la Syrie et fondé après la révolution du Rojava. Réalisé par Nadya Derwîş, le film raconte le quotidien des femmes qui y vivent, leurs histoires et la construction communautaire du village.
Avant la projection, un message vidéo de la réalisatrice a été diffusé. Derwîş y déclarait : « L’art et le cinéma nous permettent d’exprimer nos idées, nos sentiments et nos expériences. Jinwar est l’expression d’un lieu que les femmes ont créé de leurs propres mains : un espace de force, de solidarité et d’échange. Nous espérons toucher les femmes du monde entier avec ce film. »
Le public a répondu par une longue ovation. La première journée du festival s’est clôturée sur le slogan « Jin, Jiyan, Azadî » [Femme, Vie, Liberté].
Programme complet jusqu’à la fin du mois
Le programme du festival se poursuivra jusqu’à mardi prochain. (ANF)