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SYRIE. « On n’obtient pas la paix pas par des menaces »

SYRIE / ROJAVA – La femme politique kurde, Fawza Yousef a mis en garde contre les menaces continues de la Turquie, déclarant qu’on ne peut construire la paix avec des intimidations. Elle a noté que le nord et l’est de la Syrie reflétaient une version miniature du pays tout entier, soulignant que la véritable identité reposait sur la fraternité, la démocratie et la coexistence.

La membre du Comité présidentiel du Parti de l’union démocratique (PYD) a évoqué la situation politique actuelle en Syrie depuis la chute du régime Baas. Elle a expliqué que les mesures prises par le gouvernement de transition étaient marquées par la marginalisation et le déni des diverses composantes de la Syrie, ce qui affaiblissait le projet de construction d’un gouvernement démocratique inclusif.

Ses propos ont été tenus lors de sa participation à la conférence intitulée « L’Alliance des femmes comme fondement de la justice et de la démocratie dans une Syrie unifiée et décentralisée », qui s’est tenue aujourd’hui à Hassaké. Cet événement a réuni des personnalités politiques et juridiques, des militants, des intellectuels et des chefs de tribus arabes du nord et de l’est de la Syrie – notamment Damas, Alep et les régions côtières – ainsi que des participants de Soueida connectés via Zoom.

Fawza Yousef a souligné le rôle crucial des femmes dans l’instauration de la liberté et de la démocratie, mettant en garde contre la persistance d’une rhétorique menaçante dans le dialogue syrien. Elle a déclaré que « la véritable paix ne commence pas par des menaces, et la révolution des femmes dans le nord et l’est de la Syrie est le fondement de l’instauration de la liberté ». Elle a également souligné que la prétendue « déclaration constitutionnelle » publiée par le gouvernement de transition syrien nécessitait d’être amendée afin de garantir les droits des femmes et leur place au sein du futur gouvernement.

Elle a souligné que cette conférence constitue une plateforme pour unifier les rangs des femmes et obtenir satisfaction sur des revendications essentielles, notamment l’amendement de la déclaration constitutionnelle afin d’y inclure une « constitution des femmes » garantissant leurs droits et leur pleine participation à la vie politique. Elle a rendu hommage aux martyres qui ont donné leur vie pour défendre les droits des femmes, soulignant que les femmes, par leur lutte, ont permis une véritable révolution pour la liberté.

Concernant les élections législatives prévues par le gouvernement de transition, Yousef a critiqué le mépris du gouvernement envers les femmes et les communautés syriennes. Elle a souligné les violations et les meurtres continus de femmes, ainsi que le ciblage de dirigeantes, de politiciennes et de journalistes, et les campagnes de diffamation employant un langage immoral pour intimider les femmes.

Lors de la conférence, elle a souligné que les mercenaires de Daech n’avaient pas réussi à briser la volonté des femmes du nord et de l’est de la Syrie ni à mettre un terme à leur lutte. Elle a rappelé l’assassinat d’Hevrin Khalaf et l’attaque d’Arin Mirkan, tout en affirmant que « des milliers de femmes comme Hevrin et Arin » poursuivent le combat avec détermination. Elle a ajouté : « Nous ne craignons aucune menace. »

Yousef a critiqué le discours contradictoire du gouvernement de transition, soulignant que les appels au dialogue s’accompagnent de discours de haine sur les réseaux sociaux, ce qui risque de diviser la Syrie et de l’entraîner dans une guerre civile. Elle a réaffirmé que la paix ne commence pas par des menaces, mais par le dialogue.

Elle a également évoqué le rôle de la Turquie en Syrie, affirmant que l’occupation turque se poursuit et que le gouvernement de transition n’a pas adopté de position claire. Elle a rappelé les récentes menaces turques d’une attaque militaire contre la région, posant la question suivante : « Où est la solution ? Où est le véritable dialogue syro-syrien s’il s’accompagne de menaces ? La paix ne commence pas par l’intimidation, mais par le dialogue et la reconnaissance des droits de toutes les communautés. »

En conclusion, Fawza Yousef a réaffirmé que le nord et l’est de la Syrie représentent une Syrie miniature, réunissant toutes les composantes et communautés tout en se protégeant du terrorisme et des menaces extérieures. Elle a souligné que leur véritable identité réside dans la fraternité, la démocratie et la coexistence, et que les droits des femmes doivent être une pierre angulaire de toute future constitution.

Elle a adressé ses salutations et sa solidarité aux femmes d’Afrin, Serêkaniyê et Girê Spî, affirmant que des efforts sont en cours pour assurer leur retour en toute sécurité et libérer celles qui ont été victimes de violations, dans le cadre de la lutte plus large pour protéger les droits des femmes et assurer leur pleine participation à l’avenir de la Syrie. (ANHA)