SYRIE / ROJAVA – Plus de quatorze ans après le début du soulèvement syrien et près de dix mois après la chute du régime de Bachar el-Assad, le pays reste englué dans de profondes divisions et des guerres inextricables, parallèlement à une grave crise économique et à l’effondrement des structures sociales. Pendant ce temps, les puissances locales et internationales rivalisent pour imposer des visions contradictoires pour la Syrie.
Dans ce contexte, l’homme politique kurde et représentant du PYD à Damas, Mohammed Amin Aliko, a déclaré à l’agence ANHA que le moment où des voix ont retenti en 2011 avec le chant « Le peuple syrien est un » était « un battement de cœur national et un message de défi à un régime qui avait alimenté la division pendant des décennies. »
Aliko a souligné que cette phrase n’était pas un simple slogan, mais plutôt « le rêve collectif d’une nouvelle Syrie : libre, juste et unie ». Cependant, le cours des événements l’a transformée en « un souvenir que nous évoquons avec tristesse, ou un rêve que nous craignons de perdre au milieu de tant de souffrance ».
Il a souligné plusieurs facteurs qui ont approfondi les divisions : « les politiques délibérées du régime visant à semer la discorde pour affaiblir l’unité interne », « les interventions régionales et internationales qui ont enflammé les conflits », « la guerre et les déplacements qui ont créé des distances psychologiques et géographiques entre les Syriens » et « l’absence d’un discours national unificateur ».
Malgré cette réalité, Aliko a souligné que « la flamme est toujours vivante » dans « les récits des réfugiés, les initiatives citoyennes, les chansons, les œuvres d’art, les écrits et dans le regard des enfants qui n’ont connu la Syrie que comme un conte ». Il a souligné que le slogan « Le peuple syrien est un » attend toujours « ceux qui sauront le raviver ».
Aliko a décrit l’accord du 10 mars entre les FDS et Damas comme « une étape pour restaurer l’esprit syrien » et « la preuve que les Syriens, quelles que soient leurs positions et leurs affiliations, sont capables de s’asseoir ensemble et de construire de nouveaux ponts de confiance loin des diktats étrangers ».
Il a considéré l’accord comme « une graine d’espoir qui pourrait se transformer en un projet national global visant à raviver l’esprit du « peuple syrien est un ».
Selon lui, cinq pistes clés sont nécessaires pour y parvenir :
– Reconnaître les réalités et les divisions et les aborder par le dialogue, et non par des accusations de trahison ;
– Formuler un discours national unificateur qui transcende les partis et les sectes et s’adresse d’abord à l’être humain ;
– Renforcer les initiatives culturelles, éducatives et médiatiques qui inculquent des valeurs de citoyenneté, de diversité et de coexistence ;
– Construire la confiance à travers des rencontres quotidiennes et un engagement civique ; et impliquer la nouvelle génération dans la construction du rêve d’une Syrie qui embrasse tout le monde.
Aliko a conclu que la réalisation de cette aspiration n’était pas une utopie : « Le chant n’était pas un slogan passager, mais les mots les plus vrais prononcés par les Syriens dans un moment de liberté, il doit être transformé en un projet politique et national global. » (ANHA)