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TURQUIE. Les femmes kurdes bloquent les travaux d’un projet minier

TURQUIE / KURDISTAN – Dans la province kurde de Diyarbakir (Amed), des femmes ont organisé un sit-in pour interrompre les travaux d’un projet controversé d’une mine de cuivre. Leur protestation vise à dénoncer un passé de violences qui a déjà dévasté leur village à sept reprises.

Dans le village de Mizak, dans le district de Lice à Amed (Diyarbakır), des femmes kurdes ont bloqué l’accès aux excavatrices dimanche pour protester contre le projet d’exploitation d’une mine de cuivre. Munies de bâtons et assises au sol, elles ont bloqué le passage des engins, soucieuses de leur environnement naturel et déterminées à « ne pas perdre leur village une huitième fois ».

Les femmes ont rappelé la longue histoire de destruction de leur village, notamment pendant la terreur d’État turque des années 1990 : « Notre village a été incendié ou détruit sept fois, et sept fois nous l’avons reconstruit. Que voulez-vous de notre nature ? », a crié l’une des femmes manifestantes, qui a envoyé un message clair : « Pas d’exploitation minière, pas de déforestation, plus d’ingérence dans nos vies. »

Lorsqu’un opérateur d’excavatrice a tenté de discuter avec les femmes manifestantes, elles lui ont retorqué : « Nous savons ce qui se passe ici. Nous protégeons nos terres. » Les femmes se sont alors assises par terre dans la zone d’excavation prévue, empêchant le début des travaux. « Nous ne laisserons personne creuser dans notre village », ont-elles déclaré. Le blocus se poursuit, accompagné de demandes d’arrêt immédiat du projet.

Les manifestations s’opposent à un important projet de mine de cuivre qui suscite des tensions depuis des années. En 2020, les autorités ont publié un rapport controversé affirmant qu’une étude d’impact environnemental n’était pas nécessaire. Peu après, des milliers d’arbres ont été abattus dans la région. Face à la résistance grandissante, un tribunal a ordonné une première visite du site. Une expertise correspondante a été rédigée le 10 décembre 2024. Suite aux objections de la population, la procédure a été rouverte. Fin juin, une nouvelle équipe d’experts a mené une nouvelle inspection et a également entendu les villageois, mais le verdict est toujours en attente. Pourtant, les femmes de Mizak sont déterminées à ne pas renoncer à leur nature. (ANF)