ALLEMAGNE – Le parquet fédéral allemand a ouvert une enquête sur une employée du consulat turc et une policière d’origine turque, soupçonnées d’espionnage pour la Turquie, a rapporté Turkish Minute, citant le journal allemand Kölner Stadt-Anzeiger.
L’enquête comprend une perquisition effectuée mercredi au domicile d’une membre du personnel du consulat général de Turquie à Cologne, mais pas dans les locaux consulaires. Une deuxième suspecte, qui serait une policière basée à Cologne, est accusée d’avoir divulgué au consulat des informations provenant des bases de données de la police concernant la guérilla kurde.
Les deux femmes restent libres pendant la durée de l’enquête. Le parquet a refusé de fournir davantage de détails tant que celle-ci est en cours.
On ignore encore comment les données ont été transférées et si un paiement a été effectué. Si les allégations se confirment, la situation pourrait dégénérer en incident diplomatique majeur.
Les autorités allemandes accusent depuis longtemps l’Organisation nationale du renseignement turc (MIT) de surveiller les dissidents vivant en Allemagne. Des adeptes de groupes tels que le mouvement religieux Gülen, opposé au président turc Recep Tayyip Erdoğan et à son gouvernement, auraient été pris pour cible.
Le gouvernement turc accuse le mouvement Gülen d’avoir orchestré une tentative de coup d’État le 15 juillet 2016 et le qualifie d’« organisation terroriste », bien que le mouvement nie fermement toute implication dans la tentative de coup d’État ou toute activité terroriste.
Depuis 2016, la Turquie a arrêté des dizaines de milliers de personnes soupçonnées d’avoir des liens avec le mouvement.
Afin d’éviter la répression menée par le gouvernement, des milliers de partisans de Gülen ont fui la Turquie et se sont réfugiés dans des pays européens et autres.
Depuis des années, la Turquie exhorte à plusieurs reprises les autorités allemandes à prendre des mesures contre les partisans de Gülen qui ont demandé l’asile dans le pays.
En 2022, un ressortissant turc, Ali D., arrêté en Allemagne en 2021, soupçonné d’espionnage de dissidents pour le compte du MIT, a admis devant le tribunal avoir espionné des partisans du mouvement Gülen et des membres du PKK.
Les activités des services de renseignement turcs consisteraient également à surveiller et à influencer les communautés de la diaspora par l’intermédiaire d’organisations religieuses et culturelles. L’un des réseaux pro-gouvernementaux les plus importants est l’Union des démocrates internationaux (UID), fondée en 2004 et basée à Cologne. Ce groupe entretient des liens étroits avec le Parti de la justice et du développement (AKP) d’Erdoğan.