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ROJAVA. La Turquie assèche l’Euphrate

SYRIE / ROJAVA – Dans sa guerre de l’eau ciblant les Kurdes et les États voisins syrien et irakien, la Turquie a asséché les fleuves mythiques l’Euphrate et le Tigre qui prennent source au Kurdistan du Nord sous l’occupation turque.

Avec la baisse du niveau de l’Euphrate, un risque majeur de sécheresse se fait sentir à Tabqa. De nombreuses stations de distribution d’eau potable ont été fermées en raison du manque d’eau.

Le niveau de l’Euphrate baisse rapidement en raison du blocage par l’État turc de l’approvisionnement en eau des territoires syrien et irakien. Le Conseil de l’énergie du nord et de l’est de la Syrie avait averti que la crise de l’eau dans l’Euphrate s’aggraverait après la baisse de 6 mètres du niveau du barrage de l’Euphrate.

Bien qu’il soit situé sur les rives de l’Euphrate, le camp de Tiwêhina, à Tabqa, connaît une grave pénurie d’eau. Ahmad El Casim, un habitant du camp, a déclaré à ANHA : « La situation empire. L’eau est coupée pendant des jours, et lorsqu’elle arrive, elle est sale et imbuvable. Nous devons acheter de l’eau, et remplir un réservoir coûte 25 000 livres. Ceux qui n’en ont pas les moyens puisent l’eau du lac. »

Reslan El Ehmed, un civil, a déclaré à l’ANHA : « Nous achetons de l’eau en bouteille, mais lorsque l’eau arrive, elle est très sale et imbuvable. Nous la faisons bouillir, y ajoutons du chlore et la laissons au soleil. Malgré tout cela, de nombreuses personnes qui boivent cette eau développent des maladies rénales. »

Un autre citoyen, Matar El Xalid, a ajouté : « Il y a des insectes et des vers dans l’eau, ce qui explique que certaines personnes soient tombées malades et aient dû être hospitalisées. L’eau est coupée depuis trois jours, et aujourd’hui, elle n’a fonctionné que pendant deux heures. Même les toilettes publiques n’ont pas été nettoyées depuis des jours. L’eau que nous puisons dans la rivière a une odeur nauséabonde. Nous la filtrons avec un tissu et la faisons bouillir, mais nous n’en pouvons plus. »

La situation s’aggrave

Après la panne de la station d’El Tinera, dans la ville de Tabqa, l’eau a également été coupée dans la ville d’El Cirniyê et les 114 villages environnants. La situation de la population est devenue encore plus difficile. L’Administration des eaux d’El Cirniyê s’efforce de mettre en œuvre des solutions urgentes pour approvisionner la population en eau.

Le coprésident de l’Administration des eaux d’El Cirniyê, Ehmed Cemal, a déclaré que cette situation ne s’était pas produite depuis les années 1980, année de la construction du barrage sur l’Euphrate. Il a ajouté : « Avec l’assèchement des eaux, certaines terres submergées depuis des décennies ont émergé et certains agriculteurs ont commencé à les exploiter. »

Cemal a également noté que deux puits de la station d’eau d’El-Tenara étaient hors service, ce qui a entraîné l’arrêt du pompage de l’eau vers la station d’eau d’El Cirniyê.

Cemal a averti que la pénurie d’eau persistante entraînerait une catastrophe pour les populations, les animaux et les plantes, et a appelé les organisations humanitaires à leur fournir des pompes plus puissantes. Il a souligné : « La véritable solution est que la Turquie libère l’eau ; sinon, la situation mènera à une catastrophe. »

Alerte à Raqqa, Deir Ezzor et Alep

La baisse du niveau de l’Euphrate affecte non seulement Tabqa, mais aussi Raqqa, Deir Ezzor, Alep et leurs environs. Elle pourrait donc entraîner une catastrophe régionale le long des rives du fleuve, jusqu’en Irak. El Taha, coprésident de l’Union des municipalités de Tebqa, a annoncé que la plupart des pompes à eau potable des régions d’Ayid, El Cirniyê, El Kerîn, El Cerafat et El Buasî étaient en panne, et que les autres devraient tomber en panne d’ici quelques jours.

El Taha a souligné que la diminution des ressources en eau a entraîné la formation de flaques d’eau stagnantes, favorisant la prolifération bactérienne, et que le manque d’eau a également paralysé la production d’électricité. Il a ajouté qu’il est devenu plus difficile d’alimenter les stations d’eau en électricité. (ANF)