SYRIE – Alors que les crimes de guerre ciblant les Syriens alaouites s’intensifient, l’agence kurde ANHA s’interroge sur la timidité des réponses internationales et une couverture médiatique minimaliste, tandis qu’un membre du Conseil des composantes syriennes met en garde contre les conséquences de la « négligence internationale et de la complicité régionale ».
Alors que les rapports faisant état de massacres et de violations sur la côte syrienne continuent d’affluer, des interrogations se multiplient quant à la position de la communauté internationale face à ces crimes et à la réalité de leur couverture politique et médiatique. Témoignages de défenseurs des droits humains et reportages des médias décrivent l’une des tragédies les plus horribles du contexte syrien depuis le début de la révolution, dans un contexte d’absence quasi totale de justice et de responsabilité.
Dans ce contexte, Mazen Mohammed, membre du Comité de coordination de la Conférence de Mannheim et du Conseil des composantes syriennes, offre une perspective globale sur la situation, mettant en garde contre la « complicité » de certains acteurs régionaux et les conséquences du silence international.
Un génocide documenté
Mohammed affirme que ce qui se passe sur la côte syrienne « ne peut pas être décrit comme de simples événements ou affrontements ; il s’agit d’un génocide documenté, comme en témoignent les équipes locales qui ont enregistré plus de 4 000 victimes, avec de nombreux cas encore non documentés. »
Négligence internationale et complicité régionale
Il constate que la communauté internationale ne garde pas le silence par ignorance, mais ferme délibérément les yeux sur les crimes. Il souligne que les gouvernements occidentaux sont enclins à maintenir « l’autorité de fait à Damas » par crainte d’une résurgence des groupes djihadistes et parce que cette autorité a fait d’importantes concessions, notamment en renonçant à sa souveraineté, notamment dans les zones frontalières sud. Il souligne également que certaines puissances régionales, notamment la Turquie, contribuent à dissimuler cette autorité et à dissimuler les violations des groupes associés.
Efforts européens pour tenir les auteurs responsables
Malgré cette réalité, Mohammed souligne l’émergence de nouvelles mesures internationales, comme l’imposition par l’Union européenne de sanctions contre des dirigeants de premier plan comme Mohammed Hussein al-Jassem (Abou Amsha) et Saif al-Din Bawald (Abou Bakr), une mesure qu’il qualifie de positive mais insuffisante. Il ajoute que des poursuites ont été engagées en France et devant la Cour internationale de justice de La Haye, et que d’autres dossiers sont en cours d’instruction devant les tribunaux allemands par des groupes d’activistes de la côte syrienne. Un rapport de la Commission d’enquête internationale est également attendu, ce qui pourrait marquer le début d’un processus judiciaire.
Violations continues et conditions humanitaires catastrophiques
Mohammed prévient que la négligence internationale a conduit à la persistance de violations quotidiennes sous diverses formes, notamment des meurtres, des enlèvements et le phénomène récemment croissant des enlèvements de femmes, ainsi qu’à des politiques de punition collective telles que des licenciements et des suspensions de salaire, ce qui a entraîné des conditions humanitaires « catastrophiques ». Il a également lancé un appel humanitaire pour des efforts d’aide, notamment sur la côte syrienne, à Homs et à Hama, où la situation frôle la famine.
Comité d’enquête international et une étape attendue
Concernant la Commission d’enquête internationale, Mohammed confirme sa création et la présentation, le mois dernier, d’un premier rapport documentant les massacres, sur lequel certaines agences internationales, comme Reuters, se sont appuyées. La commission poursuit son travail de collecte de témoignages en Syrie et dans les pays voisins. Son rapport final est attendu en juillet, un rapport crucial pour faire avancer la justice.
Mazen Mohammed, membre du Comité de coordination de la Conférence de Mannheim et du Conseil des composantes syriennes, souligne que la poursuite de l’impunité ne fera qu’étendre le cycle de la violence et des violations « à moins que le système international ne prenne des mesures sérieuses pour tenir les auteurs responsables et mettre fin aux accords politiques ». (ANHA)