IRAN / ROJHILAT – Les prisonniers politiques kurdes, Idris Ali, Azad Shojaei et Rasoul Ahmad Rasoul ont été exécutés secrètement dans la prison centrale d’Ourmia. Les trois hommes avaient été condamnés à mort par la justice iranienne qui les accusait d’« espionnage au profit d’Israël ».
Selon les informations reçues par l’ONG de défense des droits humains, Hengaw, à l’aube du mercredi 25 juin 2025, Idris Ali, 32 ans, Azad Shojaei et Rasoul Ahmad Rasoul ont été exécutés en secret. Ils se sont vu refuser une dernière rencontre avec leurs familles.
Les médias d’État, dont l’agence de presse Mizan, ont confirmé les exécutions, affirmant qu’elles faisaient partie des « actions décisives » de la justice contre des agents présumés du « régime sioniste ».
Hengaw avait déjà mis en garde, dès le début de la guerre Iran-Israël, contre le risque imminent auquel ces prisonniers étaient confrontés. L’organisation a exprimé de vives inquiétudes quant aux condamnations à mort prononcées et confirmées sur la base d’aveux obtenus sous la contrainte et de procès inéquitables – des actes qu’elle a qualifiés de mesures de représailles bafouant les principes fondamentaux des droits humains.
Ces prisonniers politiques se sont vu refuser l’accès à une représentation juridique et aux visites de leur famille pendant leur détention et ont été soumis à de graves tortures physiques et psychologiques pendant des mois. Sous cette contrainte, ils ont été contraints de faire de faux aveux avant d’être transférés à la prison centrale d’Ourmia après huit mois.
Les trois hommes — Idris Ali et Azad Shojaei, originaires de Sardasht, et Rasoul Ahmad Rasoul, originaire de Sulaymaniyah, au Kurdistan irakien — ont été arrêtés par le ministère iranien du Renseignement en juillet 2023 et détenus dans son centre de détention d’Ourmia. Ils ont ensuite été jugés en octobre 2023 par la deuxième chambre du tribunal révolutionnaire d’Ourmia, présidée par le juge Ghorban Shahini. Le tribunal a officiellement prononcé leur condamnation à mort en novembre de la même année.
La confirmation officielle des peines est intervenue près d’un an plus tard, le mardi 5 novembre 2024, quelques jours seulement après les frappes militaires israéliennes de représailles contre des bases iraniennes. Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangiri, a annoncé les verdicts sans nommer les individus, affirmant qu’ils étaient impliqués à la fois dans l’espionnage et la contrebande d’éléments utilisés dans l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh sous couvert de trafic d’alcool.
Asghar Jahangiri a déclaré lors d’une conférence de presse qu’au moins huit personnes avaient été arrêtées en lien avec cette affaire, et que trois d’entre elles avaient été condamnées à mort lors de la phase initiale du procès.
Auparavant, le 9 décembre 2020, Hengaw avait rapporté que les forces de sécurité iraniennes avaient assiégé la ville de Baneh en lien avec l’assassinat de Fakhrizadeh et arrêté plus de 20 personnes, dont neuf identités avaient été rendues publiques par Hengaw à l’époque.
Mohsen Fakhrizadeh-Mahabadi, l’un des plus éminents scientifiques nucléaires iraniens, a été assassiné le 27 novembre 2020 dans la région d’Absard, près de Téhéran. Les autorités iraniennes ont imputé cet assassinat à Israël.
Hengaw appelle instamment la communauté internationale à intervenir et à faire pression sur la République islamique d’Iran pour qu’elle suspende toute exécution prévue. L’ONG rappelle que ces exécutions illustrent le recours constant de la République islamique d’Iran à la peine de mort comme moyen de pression politique en période de crise géopolitique.