Acculé par les attaques incessantes israéliennes, le régime sanguinaire iranien semble vivre ses dernières heures. Les Kurdes du Rojhilat sous l’occupation iranienne retiennent leur souffle, espérant ne pas servir de bouc émissaire aux mollahs iraniens, ni ceux qui les remplaceront (il semblerait que l’Israël mise sur le retour du fils du Shah chassé d’Iran avant la prise du pouvoir par l’Ayatollah Khomeini). Les Kurdes veulent pouvoir enfin vivre libres sur leurs terres, loin des massacres et des politiques d’assimilations forcée subis depuis plus d’un siècle dans les 4 parties du Kurdistan colonisé.
Concernant l’opportunité que l’affaiblissement du régime iranien pourrait représenter pour les Kurdes, Nazile Afkhami, militante kurde réfugiée en Suisse et membre de l’Institut Kurde de Lausanne ainsi que de l’ONG féministe Femmes du Kurdistan (Women of Kurdistan), a écrit:
« À toutes mes amies et tous mes amis européens, qui ne connaissent pas vraiment la réalité de l’Iran et pensent que la situation peut se résoudre par le dialogue :
Nous, les [Kurdes], n’avons jamais recherché la guerre. Nous sommes un peuple opprimé depuis plus d’un siècle. Nous avons vécu avec nos souffrances, appris à résister, à persévérer, à survivre. Et surtout, à travers nos organisations, nos associations et nos partis politiques, nous avons fait un choix essentiel : ne pas laisser notre identité nous être arrachée.
Imaginez l’effort que cela représente depuis cent ans, dans un pays qui nous a systématiquement niés. Nous n’avons jamais eu le droit d’être éduqués dans notre langue maternelle. On nous a forcés à renier notre identité. Nous avons été soumis aux lois d’un État qui ne nous a offert que répression, marginalisation et mort.
En 1946, nous avions fondé la République du Kurdistan à Mahabad. Quelques mois plus tard, le régime Pahlavi l’a brutalement écrasée. Notre président Peshawa [Qazi Muhammad] et ses compagnons ont été exécutés sur la place publique.
Oui, nous avons toujours voulu négocier avec les États qui occupent nos terres. Mais la réponse a toujours été la même : la violence.
Connaissez-vous le docteur Abdulrahman Ghassemlou, notre leader kurde ?
Il s’était rendu à Vienne pour négocier avec des représentants du régime iranien. Il y a été assassiné en 1989, avec ses compagnons.
Et le docteur Sadegh Sharafkandi ? (Secrétaire général du parti politique du Kurdistan iranien) Lui aussi a été assassiné, en 1992, à Berlin, par des agents du régime iranien.
Combien de fois nos partis politiques ont tendu la main, proposé un dialogue, simplement exigé la reconnaissance de nos droits ?
Et à chaque fois, on nous a répondu par la prison, la torture, l’exécution.
Connaissez-vous Ramin Hossein Panahi ? Il avait 23 ans lorsqu’il a été exécuté. Sa mère, #Daya_Sharifa, cherche encore son corps.
Et Zeynab Jalalian ? Elle est en prison depuis ses 25 ans, elle est condamnée à perpétuité, simplement pour avoir appartenu à un parti politique kurde. Elle y est toujours détenue aujourd’hui.
Et ce ne sont là que quelques noms parmi des milliers de Kurdes assassinés ou emprisonnés.
Dans cet État, les femmes n’ont aucun droit fondamental : elles ne peuvent ni travailler ni voyager sans l’autorisation de leur mari.
Et les femmes [kurdes], comme celles d’autres peuples opprimés, subissent une double discrimination.
On nous a imposé des prénoms iraniens, une langue étrangère, une identité fabriquée. On nous a arraché notre dignité, brisé notre esprit. Et plus récemment le mouvement [Jin Jiyan Azadî] (…) a été écrase dans le sang.
Et c’est pour cette raison que, oui : l’attaque d’Israël contre l’Iran peut, pour nous, être une opportunité. Non pas parce que nous aimons la guerre, mais parce qu’elle peut affaiblir ou renverser un régime criminel, colonial, inhumain.
Une fin amère attend ce régime. Un début joyeux nous attend, nous, les peuples opprimés. »