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SYRIE. Damas accusé de retarder le retour des réfugiés à leurs régions d’origine

SYRIE / ROJAVA – Les déplacés internes, notamment ceux du canton kurde d’Afrin chassés de leurs terre par l’invasion turque, ont exhorté le régime syrien à accélérer dans leurs zones d’origine, exprimant leur mécontentement face aux atermoiements des autorités de Damas. Les réfugiés soulignent que leur retour reste conditionné à la sécurité, aux infrastructures et au soutien économique et éducatif.

Le 1er juin dernier, la première réunion officielle a eu lieu entre des représentants de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie et les autorités de Damas. Lors de cette réunion, un accord a été conclu pour accélérer les efforts visant à faciliter le retour des Syriens déplacés dans leurs régions d’origine. Malgré cette avancée positive, Damas n’a pas encore pris de mesures concrètes pour permettre ce retour, tandis que l’Administration autonome poursuit la mise en œuvre de son plan à cet effet.

L’administration autonome avait déjà pris une décision le 23 janvier de l’année dernière pour faciliter le retour volontaire des déplacés internes souhaitant quitter les camps du nord-est de la Syrie, tels qu’Al-Hol et Al-Arisha.

 Ce processus est supervisé par l’Autorité des affaires sociales et du travail et la Commission des affaires des réfugiés, avec la protection des forces de sécurité intérieure. À ce jour, 11 voyages volontaires ont été organisés depuis le camp d’Al-Arisha, situé au sud de la ville de Hassaké, qui abrite encore environ 11 000 personnes déplacées réparties dans plus de 2 100 familles.

Face à cette situation, plusieurs personnes déplacées dans le camp ont exprimé leur frustration face aux retards des autorités de Damas, réaffirmant que leur retour dépend de la fourniture de sécurité, d’infrastructures et d’un soutien économique et éducatif.

Fatimah Ali Muhammad, une femme déplacée de l’ouest de Deir ez-Zor, a décrit les risques sécuritaires dans leurs zones d’origine comme la plus grande menace à leur retour.

 Nos régions sont victimes de crimes, d’explosions et de mines terrestres qui menacent la vie des civils. Nous attendions un retour en toute sécurité, mais ce que nous voyons maintenant met nos vies en danger. Nous exigeons la présence de forces neutres de l’ONU pour garantir notre sécurité, ainsi que les infrastructures et les services nécessaires à la vie.

Kazim Talal Al-Kate’, quant à lui, a évoqué le manque de logements : « Même si la sécurité est assurée, nous n’avons pas de toit. Toutes nos maisons sont détruites. J’ai quatre fils qui se sont mariés dans le camp ; comment puis-je rentrer avec eux alors que nous n’avons pas d’abri ? Nous faisons appel aux organisations internationales pour qu’elles nous construisent des logements et nous fournissent le minimum nécessaire à une vie digne. »

Ayada Dawood Al-Huwaidi, un déplacé de 40 ans originaire d’Al-Mayadin, à Deir ez-Zor, a déclaré : « L’avenir de nos enfants est compromis par le manque d’éducation. Nous vivons dans le camp grâce à l’aide sociale et nous n’avons pas les moyens de subvenir à nos besoins à notre retour. Nous exigeons des programmes de soutien psychologique et éducatif, car nos enfants n’ont appris qu’à attendre et à s’inquiéter. »

Prises entre l’espoir du retour et les craintes de la réalité, les revendications des personnes déplacées peuvent se résumer en trois points principaux : assurer un environnement sûr et stable, fournir des infrastructures, des logements et des services de base, et offrir un soutien économique, éducatif et psychologique pour que les familles puissent réintégrer leur vie normale.

Malgré les efforts constants de l’Administration autonome pour faciliter le retour, l’absence d’actions concrètes de la part des autorités de Damas, conjuguée aux menaces persistantes des groupes armés et aux risques sécuritaires dans les zones d’origine, rend le retour complet un objectif différé. Sa réalisation nécessite une volonté politique, une réponse internationale et des efforts humanitaires plus vastes. (ANHA)