SYRIE / ROJAVA – Le parcours de la Confédération démocratique des femmes a connu de nombreuses phases, parallèlement au mouvement de libération kurde. Ce qui a débuté comme un petit groupe de jeunes femmes révolutionnaires s’est développé en un système structuré aujourd’hui connu sous le nom d’Union des femmes kurdes.

Le 27 février dernier, le leader Abdullah Öcalan, par l’intermédiaire d’une délégation du Parti pour l’égalité et la démocratie des peuples, a publié une déclaration historique intitulée « Appel à la paix et à une société démocratique ». Dans cette déclaration, il a exhorté le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à convoquer son congrès et à se dissoudre officiellement. Il a déclaré : « Le deuxième siècle de la République [turque] ne peut être marqué par l’unité et la continuité que s’il est couronné par la démocratie. Il n’y a pas d’autre voie que de rechercher et de mettre en œuvre des systèmes démocratiques. Le consensus démocratique est l’approche fondamentale. Dans ce processus, j’appelle à la fin de la lutte armée et j’assume la responsabilité historique de cet appel. »
Suite à cet appel, des discussions et des évaluations ont été lancées dans tout le Kurdistan et dans le monde. Le 1er mars, le PKK a annoncé un cessez-le-feu, tenu son 12e congrès du 5 au 7 mai, puis déclaré sa dissolution.
Le groupe des filles
En 1974, aux premiers stades de la formation du PKK, les femmes participaient aux efforts d’organisation, d’éducation et de promotion en tant que jeunes filles révolutionnaires. Le leader Abdullah Öcalan les appelait le « Groupe des filles ». Ces activités se déroulaient principalement à Dersim, Elazig, Marash, Dilok, Gulek, Gumgum, Riha, dans la région de Serhad et à Ankara.
26-27 novembre 1978 : Fondation du PKK
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a été officiellement fondé lors d’un congrès tenu dans le village de Fis, dans le district de Lice à Amed. Bien que 25 délégués aient été invités, seuls 22 étaient présents. Parmi eux, seules deux femmes ont participé au congrès fondateur : Sakine Cansız et Kesire Yildirim.
Suite à cela, plusieurs femmes éminentes – telles que Sakine Karakoçan, Bese Anuş, Sultan Yavuz, Rahime Kahraman, Hanım Yaverkaya, Sakine Kirmizitoprak et Saime Aşkan – ont continué la lutte pour la liberté aux côtés du PKK, s’organisant socialement, politiquement et structurellement.
Organisation des femmes kurdes
Lors du troisième congrès du PKK, il fut décidé de créer une structure féminine indépendante. Après les préparatifs initiaux, le congrès fondateur de l’Union des femmes patriotes kurdes (en kurde: Yekitiya Azadiya Jinên Kurdistan, YAJK)) se tint à Hanovre, en Allemagne, du 31 octobre au 1er novembre 1987, avec la participation de 80 déléguées.
Le 1er novembre 1993, sous la direction du chef Abdullah Öcalan, les forces féminines ont commencé à former leurs propres unités militaires. Dans le cadre de la transition vers une structure militaire indépendante, les femmes ont établi leurs propres bases militaires et ont commencé à participer aux opérations armées de manière autonome.
Mars 1995 : Premier Congrès des femmes et fondation du YAJK
Le 8 mars 1995, le premier congrès des femmes s’est tenu dans le quartier de Gulka à Metina. À cette occasion, l’Union des femmes libres du Kurdistan (en kurde: Yekitiya Azadiya Jinên Kurdistan, YAJK) a été officiellement créée et le premier conseil des femmes a été élu. La création de l’armée des femmes en 1995 a marqué une étape importante, offrant aux femmes une expérience et un élan précieux.
La formation du conseil a suscité un grand enthousiasme parmi les femmes. YAJK a redéfini ses activités et s’est restructuré directement en accord avec la philosophie et l’idéologie du leader Abdullah Ocalan, donnant naissance à une identité idéologique et organisationnelle claire pour les femmes.
Le leader Öcalan a posé les principes fondateurs de l’Union des femmes libres du Kurdistan : patriotisme, lutte, organisation et résistance. L’YAJK est née de l’expérience des femmes militarisées et a joué un rôle essentiel dans la consolidation de l’identité du mouvement des femmes kurdes.
Idéologie de la libération des femmes
Des Flammes de la Résistance à la Confédération Démocratique des Femmes
Le 8 mars 1998, le leader kurde, Abdullah Öcalan a officiellement proclamé l’idéologie de la libération des femmes lors d’un discours télévisé sur Med TV. Quelques jours plus tard, le 21 mars 1998, la grande révolutionnaire et militante Sema Yüce a mené un puissant acte de protestation alors qu’elle était emprisonnée à la prison de Çanakkale. Au mépris des politiques génocidaires visant le peuple kurde, elle s’est immolée par le feu en déclarant : « Je veux faire de mon corps un pont de feu du 8 au 21 mars. »
Elle succomba plus tard à ses blessures et fut martyrisée le 17 juin 1998.
Le leader Abdullah Öcalan a formulé l’idéologie de la libération des femmes comme fondement d’un nouveau modèle de révolution sociale menée par les femmes. Le 8 mars 1998, il en a défini les principes fondamentaux : patriotisme, intelligence, libre arbitre, organisation, lutte, éthique et beauté. Ces principes visaient à libérer les femmes, à transformer les hommes et à remodeler la société.
Femmes et organisation politique
Sur la base de cette idéologie, le Parti des femmes travailleuses kurdes (PJKK) a été créé entre le 1er et le 12 mars 1999. Il s’agissait du premier parti politique fondé par des femmes kurdes et marquait le début d’une nouvelle perspective dans la confrontation avec la civilisation patriarcale et ses pratiques systémiques.
Lors de son troisième congrès, qui s’est tenu du 29 juillet au 21 août 2000, le parti a changé de nom pour devenir le Parti des femmes libres (PJA). Cette transformation a coïncidé avec la création d’académies féminines, notamment l’Académie Zeynep Kınacı, afin d’approfondir et d’institutionnaliser le développement idéologique du pouvoir et de la libération des femmes.
Analysant les évolutions historiques, la civilisation étatique centralisée et les crises et désordres actuels, le dirigeant Öcalan a souligné que la démocratie européenne n’était pas issue d’un tel chaos. Il a donc appelé à la création d’une nouvelle civilisation démocratique et a souligné que celle-ci pouvait se concrétiser au Moyen-Orient par la résolution de la question kurde dans le cadre du projet « Un Kurdistan libre – Un Moyen-Orient démocratique ».
La force idéologique dominante
En 2004, le parti a été rebaptisé Parti pour la liberté des femmes du Kurdistan (PAJK). Son leader, Abdullah Öcalan, a décrit le PAJK comme une force nécessaire, produisant un contenu idéologique et philosophique et formant ses cadres en conséquence. Il a déclaré : « L’existence d’un parti qui éduque et organise autour de cette idéologie est essentielle à la lutte pour la liberté des femmes. »
Il a défini ses membres comme des femmes qui ne possèdent rien d’autre que la liberté et une vie libre, ajoutant : « Partout où des femmes libres existent et développent leur personnalité, une société libre émerge. »
Il a ainsi fermement établi le principe suivant : « La liberté de la société passe par la liberté des femmes. »
Création de la Confédération des femmes
Le 20 avril 2005, la Confédération des femmes a été créée sous l’égide de la Haute Assemblée des femmes (KJB). Cet organisme a regroupé des organisations de femmes du Kurdistan et de la diaspora. Au sein de la structure confédérale de la KJB :
Le PAJK fonctionne comme un corps idéologique,
Les Unités de Femmes Libres (YJA) servent de front d’organisation de masse,
Les Unités de Femmes Libres – Etoile (en kurde: Yekîneyên Jinên Azad ên Star, YJA-Star) et les organisations de jeunes femmes fonctionnent dans le domaine de la légitime défense.
Du 15 au 22 septembre 2008, le PAJK a tenu son congrès sous le slogan :
« La liberté du leader Abdullah Öcalan est la liberté des femmes. »
Ce congrès a produit une résolution puissante liant la libération des femmes à la libération d’Öcalan et a souligné les dimensions idéologiques de la lutte pour la liberté des femmes, aboutissant à des décisions stratégiques clés.
Visant à atteindre toutes les femmes du monde
En 2014, le Système des femmes kurdes (KJK) a été créé comme expression concrète du cadre organisationnel des femmes existant, dans le but de construire une organisation confédérale démocratique des femmes à travers le Kurdistan.
En élaborant un Contrat social des femmes, le KJK s’est efforcé de bâtir des organisations de femmes fondées sur des normes claires. Son combat était centré sur la transformation des mentalités dominantes et la diffusion de l’idéologie de la libération des femmes dans le tissu social.
KJK se considère comme responsable de la direction et de la mise en œuvre d’une stratégie d’unité nationale démocratique enracinée dans le confédéralisme démocratique pour les femmes – une vision qui place l’auto-organisation et la démocratisation sociale au cœur de sa mission. (ANHA)