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KURDISTAN. Les réfugiés politiques kurdes dénoncent le blocus imposé par Bagdad

IRAK / KURDISTAN – Face au blocus imposé par Bagdad, les réfugiés kurdes de Makhmour dénoncent une punition collective et poursuivent leur mobilisation.

Depuis le 10 avril, les autorités irakiennes imposent un blocus strict au camp de réfugiés de Makhmour (le camp Şehîd Rustem Cudî), situé au sud du Kurdistan irakien, entravant l’entrée de matériaux de construction, d’équipements et la libre circulation des travailleurs vers et depuis Bagdad. En réponse à ces restrictions, les habitants du camp ont intensifié leur mobilisation ces derniers jours.

Le 15 mai, les résidents du camp ont organisé une marche massive vers le poste de contrôle de l’armée irakienne, protestant contre l’embargo et les récentes arrestations de membres d’une délégation du camp qui s’étaient rendus à Bagdad pour dialoguer avec les autorités. Malgré la promesse des responsables irakiens de libérer les délégués, ces derniers ne sont toujours pas relâchés.
Face à cela, les habitants ont installé le 15 mai des tentes devant le poste militaire et ont entamé une action de protestation permanente. Dans la nuit, ils ont allumé des feux et chanté des chansons, affirmant leur détermination à poursuivre la mobilisation jusqu’à ce que leurs revendications soient entendues.

Ce sit-in, désormais entré dans son deuxième jour, reflète la colère croissante des réfugiés de Makhmour, qui dénoncent non seulement le blocus mais aussi les pressions politiques et sécuritaires qu’ils subissent. Ils réclament la levée immédiate de l’embargo ainsi que la libération des représentants détenus.

Le camp de Makhmour, reconnu par l’ONU, abrite depuis les années 1990 des milliers de réfugiés kurdes ayant fui la répression en Turquie. Les habitants considèrent le blocus actuel comme une punition collective et un danger pour leur sécurité et leur vie quotidienne.

Répression continue depuis 2019

17 juillet 2019 : À la demande du gouvernement turc, les autorités kurdes d’Irak, dominées par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), ont commencé à imposer un embargo sur le camp de réfugiés de Makhmour.

18 juillet 2019 : Des avions de chasse turcs ont bombardé le camp, blessant deux personnes.

27 janvier 2021 : Les forces irakiennes ont tenté d’encercler le camp avec des clôtures, ce à quoi les habitants ont résisté.

20 mai 2023 : L’Irak a de nouveau lancé la construction de tranchées, clôtures et tours ; il s’est retiré après 16 jours de résistance.

10 avril 2025 : Le gouvernement irakien a imposé un blocus de facto au camp : flux de biens, services et main-d’œuvre interrompus, renouvellement des documents suspendu.

30 avril 2025 : Les habitants du camp ont organisé une marche et un sit-in, appelant au dialogue pour une solution.

14 mai 2025 : Trois membres de la délégation du Conseil populaire de Makhmour, qui s’étaient rendus à Bagdad pour rencontrer le ministère de la Justice, ont été arrêtés sur le chemin du retour.

Maxime Azadî