TURQUIE / KURDISTAN – Les responsables du Parti pour l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM) ont exprimé un optimisme prudent après que la guérilla kurde ait annoncé se dissolution et la fin de la lutte armée, la qualifiant d’« opportunité historique pour la paix et la démocratisation en Turquie ».
S’adressant aux journalistes avant une réunion du parti, le coprésident du DEM, Tuncer Bakırhan, a déclaré : « Puisse ce congrès être bénéfique pour la Turquie. Il n’y a désormais plus d’excuse pour ne pas construire une Turquie démocratique. J’espère que nous pourrons couronner ce processus par la paix. »
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé hier qu’il avait décidé de se dissoudre et de déposer les armes lors de son congrès qui s’est tenu du 5 au 7 mai.
Dans sa déclaration, le groupe a souligné que la mise en œuvre de cette décision nécessite le leadership d’Abdullah Öcalan, la reconnaissance du droit à une politique démocratique et de solides garanties juridiques. Il a également appelé le Parlement turc à assumer sa responsabilité historique.
« C’est une nouvelle phase »
Pervin Buldan, membre de la délégation du parti DEM qui a eu des entretiens avec le chef du PKK Öcalan, ce qui a conduit à son appel à la dissolution du groupe, a décrit la déclaration du PKK comme un « développement historique » et a appelé à une action dans toutes les institutions politiques.
« M. Öcalan a toujours affirmé sa volonté de mettre fin à un conflit qui dure depuis 52 ans et de passer à un processus politique. Le PKK a désormais déclaré avoir mis fin au conflit armé et s’être dissous. Cela marque le passage à une nouvelle phase », a-t-elle déclaré à l’agence Mezopotamya (MA).
Selon Buldan, cette nouvelle phase doit se concentrer sur la démocratisation. « La lutte de longue date du peuple kurde doit désormais conduire à des réformes démocratiques et à la paix. Les obstacles doivent être surmontés, et notre tâche est de lutter pour atteindre cet objectif. Le PKK a pris sa décision, la responsabilité incombe désormais à chacun. »
Elle a fait écho à l’appel du PKK pour qu’Öcalan joue un rôle central dans le processus. « M. Öcalan doit y être impliqué. Il jouera un rôle crucial dans l’élaboration d’une politique démocratique », a-t-elle déclaré, appelant à une amélioration des conditions de vie sur l’île d’İmralı et à un accès plus large à Öcalan.
Buldan a également souligné le rôle du Parlement. « Le Parlement doit intervenir. De nouvelles lois doivent être adoptées et des réformes juridiques sont essentielles pour corriger les injustices subies par les Kurdes, l’opposition, les travailleurs et bien d’autres. Je ne désespère pas, mais nous avons besoin de temps. Chacun doit maintenant assumer ses responsabilités. »
Arrière-plan
Le PKK a annoncé aujourd’hui sa dissolution, suite à une nouvelle initiative de paix lancée en octobre par Devlet Bahçeli, chef du Parti du mouvement nationaliste (MHP) et allié clé du président Erdoğan.
Après une série de réunions entre le leader emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, et une délégation du parti pro-kurde Égalité et démocratie des peuples (DEM), Öcalan a appelé le 27 février le groupe à se dissoudre.
Le PKK a tenu un congrès pour discuter de l’appel d’Öcalan entre le 5 et le 7 mai et a annoncé le résultat du congrès aujourd’hui.
Le conflit qui dure depuis quatre décennies, principalement dans les régions du sud-est de la Turquie à majorité kurde, mais s’étendant également à d’autres parties de la Turquie, ainsi qu’à la Syrie et à l’Irak, a fait plus de 30 000 morts, dont des militaires, des militants et des civils. (Bianet)