SYRIE / ROJAVA – La chercheuse en sociologie politique, Mais Kreidi a déclaré que la scène syrienne connaissait des transformations dangereuses, avec l’émergence d’une nouvelle autorité à Damas, qui suscite de nombreux doutes quant à sa nature et à sa structure réelle. Elle a souligné que cette autorité recèle de profondes contradictions, combinant « gangs extrémistes et groupes qualifiés de terroristes » d’un côté, et « soumission manifeste à la Turquie » de l’autre.
Les analystes estiment qu’en raison des actions des autorités de Damas, la Syrie est plus proche que jamais de sombrer dans la guerre civile. Ils soutiennent que ce comportement découle de la position idéologique que ces autorités maintiennent, malgré leurs affirmations d’avoir tourné la page et changé de mentalité.
La chercheuse en sociologie politique Mais Kreidi attribue cela à deux facteurs fondamentaux qui doivent être pris en compte lors de l’évaluation de la nature de la nouvelle autorité à Damas.
La première : cette autorité inclut les « organisations désignées comme terroristes » qui lui sont venues en complément et qui font désormais partie de sa structure.
La chercheur souligne que malgré les revendications de réforme, tant dans l’image que dans la rhétorique, « son histoire idéologique, sa trajectoire pratique et sa composition intellectuelle pointent toujours clairement vers son projet central : l’établissement d’un califat islamique ».
Mais Kreidi estime que cette réalité « soulève de sérieux doutes quant aux intentions de cette autorité et la rend suspecte, notamment compte tenu de son historique de violence et d’exclusion. De ce point de vue, son aptitude à diriger une phase de transition est hautement discutable. Même si certaines parties pouvaient théoriquement être réhabilitées – ce dont je doute –, le processus serait long et complexe. »
Le deuxième facteur, selon la chercheuse, réside dans les liens étroits de l’autorité avec les services de renseignement turcs. Elle a affirmé que l’actuelle autorité de Damas « agit uniquement selon les directives d’Ankara. Le niveau de dépendance a atteint un niveau de tutelle absolue, indéniable, notamment au vu de ses relations antérieures avec certaines agences de renseignement internationales ».
Kreidi a conclu que nous sommes désormais confrontés à « une autorité caractérisée par un extrémisme idéologique et organisationnel d’un côté, et une loyauté totale envers une puissance étrangère – la Turquie – de l’autre. » Elle a souligné que cela « en fait davantage un outil d’exécution pour les projets de renseignement turcs qu’une entité nationale capable de construire un contrat social syrien inclusif. »
Quant aux solutions, la chercheur en sociologie politique estime qu’elles « résident dans le retour aux résolutions des Nations Unies, notamment la résolution 2254, pour assurer un processus de transition politique sous stricte supervision internationale, impliquant toutes les composantes de la société syrienne ».
Elle a également appelé à une surveillance internationale incluant des commissions d’enquête et d’établissement des faits, notamment sur les crimes commis dans les régions côtières et à Soueida contre les communautés alaouite et druze, entre autres massacres. Elle a également souligné l’urgence d’un véritable soutien international à l’élaboration d’une nouvelle constitution garantissant la pleine participation et jetant les bases d’un État civil unifié.
Elle a conclu en déclarant que « cette nouvelle autorité a apporté avec elle une vision totalitaire plus extrême que tout autre modèle autoritaire que la Syrie a connu dans son histoire moderne. »
Via l’agence kurde ANHA