AccueilFemmesROJAVA. Damas doit annuler la nomination d'Abou Shakra et présenter des excuses...

ROJAVA. Damas doit annuler la nomination d’Abou Shakra et présenter des excuses à la famille d’Hevrin Khalaf

SYRIE / ROJAVA – La nomination d’Hatem Abu Shakra, assassin de la femme politique kurde Havrin Khlaf, à un poste militaire a provoqué un tollé, notamment parmi les femmes, car elle est perçue comme une provocation à la volonté des femmes syriennes. Des militantes et des mouvements de femmes ont appelé les autorités de Damas à revenir sur cette décision et à présenter des excuses officielles à la famille de Hevrin Khalaf, soulignant la nécessité de poursuivre le mercenaire Hatem Abu Shakra.

 

 

Les réactions publiques se sont intensifiées, notamment parmi les femmes de la région du nord et de l’est de la Syrie, après la nomination par Damas d’Abou Shakra à la tête de la 68e division.

 

Abu Shakra, chef des mercenaires du groupe « Ahrar al-Sharqiya »,  est accusé d’avoir commis des crimes graves, notamment l’assassinat de la secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie, Hevrin Khalaf, et de son chauffeur Farhad Ramadan en octobre 2019. Il est également accusé de crimes contre des femmes et des enfants, en particulier des Yazidis (Êzdî).

 

 

Saper la voie vers la construction de l’avenir de la Syrie

 

Dans ce contexte, l’organisation Kongra Star a fermement condamné cette nomination, la qualifiant d’« acte hostile » visant les communautés de la région ainsi que le libre arbitre et les droits des femmes syriennes. La déclaration a été prononcée devant le Centre culturel et artistique Mohammad Sheikho de Qamishlo, en présence de militants et de personnalités politiques et sociales, et lue par Gulistan Kalo, membre de Kongra Star.

La déclaration souligne que la nomination d’un mercenaire accusé de crimes de guerre et de violations humanitaires à un poste officiel constitue une violation flagrante des principes de justice transitionnelle et compromet les efforts visant à construire une nouvelle Syrie fondée sur la justice et les droits humains.

Elle a également souligné que la décision contredit l’accord du 10 mars signé entre le commandant des Forces démocratiques syriennes et le chef des autorités de Damas, Ahmad al-Shar’a, notamment les clauses relatives aux droits communautaires et aux droits des femmes.

Kongra Star a appelé à la révocation immédiate de cette nomination et à ce que Hatem Abu Shakra soit traduit devant les autorités compétentes afin de garantir un procès transparent et équitable. L’organisation a également exhorté les responsables de cette décision à présenter des excuses officielles à la famille de la martyre politique Hevrin Khalaf.

La déclaration conclut en affirmant que la crédibilité du gouvernement de Damas est désormais remise en question, non seulement auprès de la population locale mais aussi aux yeux de la communauté internationale, ce qui nécessite une action sérieuse pour garantir une justice transitionnelle pour les Syriens.

 

Poursuivre la lutte pour la justice

 

Des dizaines de militantes et de membres d’organisations de femmes, menées par Suad Mustafa, mère de la martyre Hevrin Khalaf, ont également protesté contre la décision des autorités de Damas lors d’une manifestation organisée par le Conseil des femmes du parti de la Syrie future devant le siège du parti à Qamishlo.

Lors de la manifestation, Walida Hassan, porte-parole du Conseil des femmes de Qamishlo, a lu une déclaration au nom du parti condamnant la décision et la qualifiant de « mesure provocatrice et totalement inacceptable ». La déclaration affirmait que la nomination d’une personne moralement condamnée et recherchée internationalement constitue une menace directe pour les principes de justice et de dignité humaine et porte atteinte aux aspirations du peuple syrien et à la liberté des femmes.

Il a ajouté que cette décision reflète la politique d’impunité et de marginalisation persistante de Damas, sans réelle volonté de solution politique. Le parti a appelé à la construction d’une Syrie démocratique et décentralisée et a exhorté les forces nationales, les organisations de défense des droits de l’homme et la communauté internationale à prendre clairement position contre cette décision.

La déclaration conclut en affirmant : « La mémoire des martyrs ne sera pas effacée et les meurtriers ne deviendront pas des décideurs », soulignant la poursuite de la lutte pour la justice, la liberté et l’égalité.

 

Où va la Syrie ?

 

Les femmes d’Ain Issa ont également condamné la nomination par les autorités de Damas du meurtrier d’Hevrin Khalaf à un poste de direction au sein de ses structures militaires, exigeant un procès équitable.

La déclaration, prononcée par l’administrateur du Kongra Star, Ruqayya Mohammed à Ain Issa, a réuni des dizaines de femmes de la ville et des membres des comités et directions du conseil local.

Elle a condamné la nomination de mercenaires et d’assassins de femmes, tels que Mohammed al-Jassim (Abu Amsha), Saif Boulad Abu Bakr et d’autres aux mains tachées de sang, dans les formations militaires de Damas.

Les femmes ont exprimé leur indignation face à cette décision, déclarant : « Au lieu de tenir les criminels responsables et d’obtenir justice, elles sont nommées à des postes de direction, ce qui laisse présager un avenir vague et incertain. »

 

Le rôle de la Turquie dans la réhabilitation des criminels de guerre

 

Le Barreau du canton de Jazira a également publié une déclaration condamnant la nomination par les autorités de Damas du mercenaire Hatem Abu Shakra au poste de commandant d’une formation militaire. Cette déclaration a été faite lors d’une manifestation devant le bâtiment du Barreau à Qamishlo, à laquelle ont participé plusieurs professionnels du droit.

La déclaration souligne qu’Abou Shakra est impliqué dans des exécutions extrajudiciaires, des enlèvements, des actes de torture, des confiscations de biens et le recrutement de mercenaires pour l’EI, décrivant ces actes comme « de graves violations du droit international et constituant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».

Elle a fait référence à plusieurs textes juridiques internationaux, notamment l’article 3 des Conventions de Genève de 1949, les articles 7 et 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, la Déclaration universelle des droits de l’homme et le droit syrien. Elle a souligné que l’assassinat d’Hevrin Khalaf constituait une violation flagrante de ces lois.

L’association a lié cette nomination à ce qu’elle a appelé « le rôle de la Turquie dans la réhabilitation des individus impliqués dans des crimes graves et leur imposition aux institutions de l’État syrien », avertissant que de telles pratiques menacent l’unité nationale et compromettent toute solution politique.

Le communiqué conclut en affirmant que la nomination d’Abou Shakra est « une récompense pour les bourreaux aux dépens des victimes », appelant à l’annulation immédiate de la décision, à une enquête internationale indépendante sur les crimes commis par les mercenaires et à la poursuite de toutes les parties impliquées, soit directement, soit par complicité et silence.

Le Rassemblement des femmes de Zanobia a également publié une déclaration écrite condamnant la nomination d’Ahmad al-Hayis (Hatem Abu Shakra), l’assassin de la secrétaire générale du Parti de la Syrie future, Hevrin Khalaf, qui a consacré sa vie à la paix et à la réconciliation, à un poste de direction dans la 86e division dans les régions de Deir ez-Zor, Hasaka et Raqqa.

Le communiqué décrit cette nomination comme un mépris flagrant pour le sang des martyrs, une insulte à la dignité des femmes syriennes et un rejet complet des valeurs de justice et de paix.

Elle a exigé que Ahmad al-Hayis soit poursuivi pour ses multiples crimes et qu’il soit traduit en justice pour recevoir une juste punition.

La déclaration concluait ainsi : « Nous n’oublierons pas le sang versé par Hevrin Khalaf et toutes les victimes des crimes d’Ahmad al-Hayis. Nous ne cesserons de réclamer les droits des femmes syriennes et continuerons d’œuvrer pour une Syrie libre et juste, respectueuse des droits de tous ses fils et filles. » (ANHA)