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SYRIE. Femmes alaouites vendues comme esclaves?

SYRIE – Alors que les attaques armées visant la communauté druze de Syrie font la une de l’actualité, l’agence kurde ANHA attire l’attention sur le sort des femmes alaouites kidnappées par les islamistes lors de la campagne sanglante ciblant les Alaouites syriens. Certaines des femmes alaouites capturées par les gangs islamistes seraient vendues sur des « marchés aux esclaves », comme les fillettes et femmes yézidies (êzdî) vendues par DAECH / ISIS il y a près de 11 ans…

Voici l’article d’ANHA (Hawar News) concernant l’enfer vécu par la communauté alaouite en Syrie lors des attaques terroristes menées par des gangs islamistes :

Les Alaouites déplacés de la campagne de Homs et de la côte syrienne racontent des récits douloureux de massacres et de violations subis durant le chaos sécuritaire qui a suivi la chute de l’ancien régime. Si les souvenirs de violences et de déplacements forcés restent vivaces, des témoignages poignants de femmes enlevées et vendues sur des marchés aux esclaves émergent.

Dans le chaos sécuritaire qui a suivi la chute de l’ancien régime en Syrie, les massacres et les violations contre de nombreuses familles ont repris, touchant plus particulièrement les familles alaouites de la campagne de Homs et de la côte syrienne. Suite aux menaces et aux massacres systématiques contre cette communauté, de nombreuses familles ont fui la mort et se sont dirigées vers les régions du nord-est de la Syrie.

 Un voyage épuisant pour échapper à la mort

 La famille d’Ali Ammar fait partie de celles qui ont échappé aux horreurs des massacres. Ali Ammar (pseudonyme) est originaire de la campagne orientale de Homs. Il raconte sa tragédie : « Le 8 décembre 2024, alors que le chaos sécuritaire s’intensifiait dans les villages de l’est de Homs, nous avons été contraints de fuir vers la côte syrienne en quête de sécurité. Mais les conditions n’y étaient pas moins difficiles. »

 À son arrivée à Jableh, son fils a été victime d’un incident raciste à un poste de contrôle, où jeunes alaouites et sunnites étaient terriblement séparés – Alaouites d’un côté et sunnites de l’autre. Le fils a réussi à s’échapper en rejoignant les jeunes sunnites pour éviter d’être tué.

 Ali Ammar continue de raconter ce qui s’est passé à son retour dans son village deux jours plus tard : « À mon arrivée, des hommes armés et masqués appartenant à diverses factions armées ont attaqué les villages alaouites. Ils ont commencé à tirer au hasard, déclenchant des tueries, des passages à tabac et des pillages. J’ai été violemment agressé et traîné sur 20 mètres avant que l’un d’eux ne menace de me tuer. »

Selon Ammar, des factions armées affiliées aux autorités de Damas et des mercenaires soutenus par la Turquie ont encerclé six villages de la campagne orientale de Homs et ont commencé à interroger brutalement les villageois à coups de fouet et de barres de métal. Le choix était : la torture ou la mort. Les anciens et les chefs de village ont été contraints de choisir entre remettre leurs armes ou risquer l’exécution.

Ammar ajoute : « Nous n’avions pas d’armes dans le village. Pourtant, ils exigeaient que les hommes apportent une arme sous peine de torture et de mort. » Il se souvient d’un incident horrible au cours duquel un jeune homme qui refusait de rendre sa moto a été froidement tué sous les yeux de son père.

 Ammar a noté que ces factions visaient clairement à modifier la démographie de la région, en remplaçant les familles alaouites déplacées par des militants et leurs familles.

 Enlèvements et meurtres en cours

 Ailleurs, Nadwa Salim (pseudonyme), une femme déplacée du village de Dalia, sur la côte syrienne, partage ses souffrances et celles de sa communauté suite aux massacres perpétrés contre elle. Elle raconte :

« Les factions ont commencé à rechercher des individus recherchés, innocents et non impliqués dans le conflit. Les familles ont refusé de livrer leurs fils, ce qui a provoqué des affrontements. »

Nadwa ajoute que les factions armées ont incendié les montagnes pour empêcher les habitants d’y chercher refuge, puis ont lancé des attaques contre des villages alaouites. Des massacres ont été commis dans des villages comme Harison, Qarfeis, Al-Qabu et Dalia. Des groupes armés ont pillé des maisons et incendié des voitures et des biens.

Elle révèle également un changement démographique massif dans la région, où des familles alaouites ont été déplacées et remplacées par des groupes armés et leurs familles : « Ils ont fait venir des familles d’autres régions pour prendre notre place dans les villages que nous avons laissés derrière nous. »

 Plus de 50 femmes et filles alaouites kidnappées à Idlib

 Nadwa confirme que les enlèvements se poursuivent : plus de 50 femmes et filles alaouites ont été enlevées et emmenées dans la ville d’Idlib, où elles ont été vendues sur des marchés aux esclaves. Elle accuse des mercenaires soutenus par l’occupation turque, notamment les groupes Hamzat et Sultan Murad, d’être responsables de ces massacres. (ANHA)