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TURQUIE. A Mersin, les Kurdes craignent la fin de la culture de toit avec l’obligation des toits en pente

TURQUIE – Dans la province méridionale de Mersin, les municipalités des districts de Mezitli et Yenişehir ont rendu obligatoire la construction de toits en pente pour les nouveaux bâtiments d’un à 3 étages. La décision des municipalités de Yenişehir et de Mezitli devrait être entérinée par le Conseil de la municipalité métropolitaine de Mersin. Bien que la raison de cette décision ait été expliquée comme étant « la prévention des constructions illégales », elle visera particulièrement la culture de la toiture des Kurdes arrivés dans la région après la destruction de leurs villages par l’armée turque durant les années 1990. Pour les Kurdes, les toits sont un lieu de vie importante: on y fait sécher de la purée de tomates, y dort ou y installe des fours à pain (tandoori pour nan). La décision prise ouvre la voie à la destruction de cette culture. De plus, l’exigence d’un toit imposera un coût supplémentaire aux plus démunis.
 
 
En réaction à cette décision, l’avocat İbrahim Cinbaş, membre du conseil municipal de Yenişehir, et Hıdır Berk, président de la commission de l’environnement de la municipalité de Toroslar et membre du conseil municipal métropolitain de Mersin, ont déclaré que cette pratique ignorait les besoins et le mode de vie de la population.
 
Attirant l’attention sur l’importance des toits dans la vie quotidienne des habitants d’une région aussi chaude que Mersin, Cinbaş a soutenu que cette décision constitue une intervention directe sur le mode de vie des habitants. Il a déclaré : « Dans une ville aussi chaude que Mersin, les toits sont des espaces de vie. Les habitants y font sécher de la pâte de tomates, y dorment et utilisent le tandoori dans certains endroits. Cette décision perturbe ce mode de vie et impose une charge supplémentaire. Alors qu’un grenier est obligatoire pour les bâtiments de 1, 2 et 3 étages, cette condition n’est pas requise pour les bâtiments de 3 étages ou plus. Cette situation est contraire au principe d’égalité. Si une telle décision avait été prise pour l’ensemble de la ville, sans tenir compte des différences d’étages, on pourrait parler d’égalité. Dans une ville comme Mersin, l’obligation d’avoir un toit en pente n’est techniquement pas une nécessité. Ce n’est pas une région à fortes chutes de neige ou précipitations. De plus, elle n’est pas très adaptée à l’esthétique de la ville. »
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Le climat de Mersin ne nécessite pas un toit en pente
 
Le membre du conseil municipal de la municipalité métropolitaine de Mersin, Hıdır Berk, a souligné que l’application affectera directement la vie quotidienne des gens et que le coût d’un toit est presque aussi élevé que le prix d’un appartement dans les conditions actuelles. Berk, qui a décrit cette pratique comme une intervention dans la culture de vie du peuple, a déclaré qu’aucun climat ne nécessiterait un toit et qu’ils s’opposeraient à cette situation. Berk, qui a appelé le public à déposer une pétition d’objection auprès des municipalités contre cette pratique, a déclaré : « Une fois les objections formulées, elles seront réévaluées par les conseils municipaux. Ensuite, cette pratique erronée sera abandonnée. » (Mezopotamya)