SYRIE / ROJAVA – Lors de la Conférence sur l’Unité Kurde du Rojava et la Position Commune, tenue à Qamishlo le 26 avril avec plus de 400 participants, un document d’une grande portée a été adopté à l’unanimité.
Ce document, intitulé « Document de Position Commune », formule des propositions pour l’avenir de la Syrie et des droits nationaux kurdes.
Il appelle notamment à l’intégration des régions kurdes sous un cadre fédéral au sein d’une Syrie démocratique et inclusive, tout en garantissant les droits de toutes les composantes du pays par la Constitution et par des normes supraconstitutionnelles.
Parmi les décisions figurent également la reconnaissance du kurde comme langue officielle aux côtés de l’arabe, la reconnaissance des Forces démocratiques syriennes (FDS) et la fin des politiques d’arabisation imposées aux régions kurdes sous l’ancien régime baasiste, notamment à travers le projet dit de la « Ceinture arabe ».
L’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que leur représentation équitable dans toutes les institutions publiques ont également été affirmées.
Domaine national syrien :
1- La Syrie est un État multinational, multiculturel, multireligieux et multiconfessionnel, qui garantit les droits de tous ses composants – Arabes, Kurdes, Syriaques, Assyriens, Circassiens, Turkmènes, Alaouites, Druzes, Yézidis et Chrétiens – par la Constitution et par des normes supraconstitutionnelles.
2- L’État doit se conformer aux conventions et accords internationaux, respecter les droits humains et le principe d’égalité de citoyenneté.
3- Le système de gouvernance de la Syrie doit être un système parlementaire bicaméral, fondé sur le pluralisme politique, la transmission pacifique du pouvoir et la séparation des pouvoirs, et reposer sur des conseils régionaux dans un cadre de décentralisation.
4- Une Syrie décentralisée assurant une répartition équitable du pouvoir et des richesses entre le centre et les régions.
5- Le nom de l’État, son drapeau et son hymne national doivent refléter la pluralité nationale et culturelle de la société syrienne.
6- Neutralité de l’État envers toutes les religions et croyances ; reconnaissance du droit de pratiquer librement les rites religieux et reconnaissance officielle de la religion yézidie [êzdî).
7- Adoption d’une identité nationale inclusive prenant en compte les spécificités de toutes les composantes.
8- Égalité entre les femmes et les hommes et garantie de leur représentation dans toutes les institutions publiques.
9- Protection des droits de l’enfant tels que proclamés dans les accords des Nations Unies et d’Amnesty International ; assurer un soutien conforme aux besoins spécifiques des enfants en fonction de leur âge et des conditions locales.
10- Révision des divisions administratives actuelles en tenant compte de la densité de population et des caractéristiques géographiques.
11- Rapatriement des œuvres d’art et des monuments historiques syriens pillés ou volés.
12- Empêcher et stopper les changements démographiques dans toutes les régions syriennes, notamment à Serêkaniyê, Girê Spî et Afrîn ; assurer le retour sûr et digne des déplacés dans leurs foyers.
13- Création, sous supervision internationale, d’une Assemblée constituante représentative de toutes les composantes syriennes pour formuler des principes démocratiques et former un gouvernement doté de pleins pouvoirs exécutifs.
14- Garantie du droit à l’expression et à l’éducation dans la langue maternelle pour toutes les composantes.
15-Déclaration du 8 mars comme Journée des Droits des Femmes.
Domaine national kurde :
1- Unification des régions kurdes en une entité politique et administrative intégrée sous un cadre fédéral au sein de la Syrie.
2- Reconnaissance du peuple kurde en tant que peuple autochtone de Syrie ; garantie constitutionnelle de ses droits nationaux, y compris l’exercice libre et égal de ses droits politiques, culturels et administratifs conformément aux conventions internationales.
3- Reconnaissance des sacrifices des martyrs de la révolution syrienne, des Forces démocratiques syriennes (FDS), des forces de sécurité, des prisonniers morts en détention, ainsi que des martyrs tombés dans la résistance face aux massacres de Daech, et garantie de leurs droits par des mesures légales.
4- Considération de la jeunesse comme une force active de la société et garantie de sa participation équitable dans toutes les institutions publiques.
5- Reconnaissance du kurde comme langue officielle à côté de l’arabe, avec le droit à l’enseignement et à l’apprentissage en kurde.
6- Création de centres et départements pour la langue, le patrimoine historique et culturel kurdes ; ouverture de médias (radios, télévisions, publications) en langue kurde ; création de centres d’études et de recherches.
7- Garantie de la participation des Kurdes aux institutions législatives, exécutives, judiciaires et sécuritaires de l’État.
8- Reconnaissance du 21 mars (Newroz) comme jour férié officiel et du 12 mars comme Journée de commémoration du soulèvement de Qamishlo.
9- Suppression de toutes les politiques exceptionnelles telles que le projet de la « Ceinture arabe » et les opérations d’arabisation dans les régions kurdes ; indemnisation des victimes de ces politiques ; rétablissement des situations antérieures ; annulation des accords secrets ou publics portant atteinte à la souveraineté syrienne et à l’existence du peuple kurde.
10- Rétablissement de la citoyenneté syrienne pour les Kurdes qui en ont été privés à la suite du recensement exceptionnel de 1962.
11- Développement des infrastructures dans les régions kurdes et allocation d’une part des revenus provenant de leurs ressources naturelles au développement et à la reconstruction, en réparation des décennies d’exclusion et de négligence délibérées.
Par Maxime Azadî