TURQUIE – Le maire CHP de Bolu connu pour ses propos racistes, Tanju Özcan a provoqué la colère cette fois-ci en s’en prenant au chef de la guérilla kurde qu’il a qualifié d’« Arménien » de manière désobligeante.
Tanju Özcan, maire de Bolu, dans le nord-ouest de la Turquie et membre du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), a été critiqué pour avoir tenu des propos désobligeants à l’encontre des Arméniens.
Dans une publication sur les réseaux sociaux publiée le 5 avril, Özcan a qualifié Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), d’« Arménien », employant ce terme de manière péjorative. Dans sa publication sur l’anniversaire d’Öcalan, qui comportait plusieurs fautes de grammaire, Özcan a écrit : « Si seulement ton père arménien avait été deux secondes plus rapide, tu ne serais pas né, Öcalan ! J’espère que c’est ton dernier anniversaire, traître. »
Le message a suscité une vague de réactions mitigées en ligne. Si certains utilisateurs ont salué la position d’Özcan, d’autres l’ont condamné, le qualifiant de raciste.
En réponse aux critiques, Özcan a réitéré sa colère avec un autre message : « Amis et sympathisants du PKK, ne commentez pas mes publications. La Turquie appartient à ceux qui disent : « Heureux celui qui se dit Turc ! » »
« C’est du racisme pur et simple »
Luys Medya, un média arménien, a publié une déclaration ferme condamnant le maire :
En tant qu’Arméniens, l’un des peuples les plus anciens de ce pays, nous sommes profondément attristés et indignés par le message raciste et haineux publié par le maire de Bolu, M. Tanju Özcan. Le mot « Arménien » ne peut être utilisé comme une insulte. Ces discours ne peuvent être justifiés par la politique ou la liberté d’expression. Il s’agit d’un racisme flagrant, d’un crime de haine et d’une atteinte manifeste à la dignité humaine.
Nous, Arméniens, vivons sur cette terre depuis des siècles. Nos joies, nos peines et nos espoirs sont indissociables de ceux de tous les autres citoyens de notre patrie. Nous faisons partie de ce pays par notre travail et nos contributions. Aujourd’hui comme hier, nous aspirons à coexister dans la paix et la dignité. Nous refusons d’être traités comme des « étrangers » et des « autres » par de tels discours.
Utiliser l’identité arménienne comme une insulte de la part d’une autorité censée représenter tous les segments de la société ne fait qu’encourager la discrimination, les discours de haine et l’hostilité. Nous condamnons M. Özcan pour ces propos haineux et l’exhortons à reconsidérer ses propos.
Le célèbre rappeur Ezhel a également condamné Özcan sur les réseaux sociaux, critiquant le CHP pour son inaction disciplinaire. « Quiconque insulte un peuple, une communauté ou une race ne peut insulter personne, surtout en se cachant derrière mon identité turque ! », a écrit Ezhel.
Des critiques de longue date
Özcan est depuis longtemps critiqué pour ses propos incendiaires, notamment à l’encontre des réfugiés. En 2021, le conseil municipal de Bolu a adopté une motion, soutenue par Özcan, visant à augmenter drastiquement les tarifs de l’eau pour les résidents étrangers. Cette réglementation a ensuite été annulée par un tribunal administratif.
En 2022, l’adhésion d’Özcan au parti a été suspendue pour un an en raison de propos sexistes tenus à l’encontre d’une femme portant le foulard. Il a été exclu du CHP en 2023, mais a été réintégré avant les élections locales de 2024 et a été réélu.
Plus tôt cette année, Özcan a publiquement admis avoir illégalement révoqué des licences commerciales détenues par des réfugiés et imposé des tarifs d’eau plus élevés aux étrangers. Suite à ses propos, le parquet de Bolu a ouvert une enquête pénale à son encontre. Malgré cette enquête, Özcan a maintenu ses propos. (Bianet)