TURQUIE – Pendant leur 1043e veillée sur la place Galatasaray, les Mères du Samedi ont exigé la vérité sur la disparition forcée d’Hasan Ocak, suivie de son meurtre à Istanbul le 21 mars 1995.

Hasan Ocak était un jeune militant kurde qui tenait un salon de thé quand il a été enlevé par des paramilitaires turcs et dont le corps torturé a été retrouvé dans un cimetière près de deux mois plus tard.
Hasan Ocak, un enseignant en attente de nomination et gérant d’un salon de thé, a été arrêté le 21 mars 1995, au milieu des troubles qui ont suivi le massacre de Kurdes – Alévis du quartier Gazi d’Istanbul. Ses derniers mots à sa famille concernaient le fait qu’il n’avait pas besoin de préparer le dîner car il apporterait du poisson ce soir-là, mais il a ensuite disparu. Malgré les premiers démentis de sa détention par la police, les appels persistants de la famille Ocak auprès de diverses institutions gouvernementales et judiciaires ont conduit à des déclarations publiques de la part des autorités affirmant qu’Ocak n’était ni en détention ni recherché pour un quelconque crime. Cependant, les éléments de preuve et les témoignages suggèrent le contraire, indiquant qu’il a été vu au poste de police.
Après 58 jours de recherches, le corps d’Ocak a été découvert dans un cimetière des anonymes, montrant des signes évidents de graves tortures. Cette découverte a incité le ministre d’État chargé des droits de l’homme de l’époque à présenter des excuses, reconnaissant qu’Ocak avait été arrêté pour interrogatoire, torturé, tué et que son corps avait été déposé à Beykoz. Malgré cela, les efforts déployés par la famille Ocak pour mener une enquête approfondie et obtenir justice n’ont abouti à aucune réponse concluante. En 2004, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé inadéquate l’enquête sur la disparition et la mort d’Ocak, déclarant une violation contre la Turquie, mais la procédure judiciaire nationale reste au point mort. Au milieu d’une « culture d’impunité » qui s’intensifie, les Mères du samedi, y compris lors de leur 1043e manifestation, continuent de réclamer justice pour Ocak, soulignant leur engagement indéfectible à rechercher la vérité et à rendre des comptes.