S’adressant à l’ANF après la réunion, Danielle Simonnet, membre de la délégation française qui s’est rendue au Rojava à l’occasion du 10e anniversaire de la libération de Kobanê, a partagé avec le public les quelques jours passés au Rojava et leurs impressions. Elle a été rapporté que la délégation était composée d’un total de six députés de gauche français, trois femmes et trois hommes.
Danielle Simonnet a expliqué que pour atteindre le Rojava, il leur a fallu un voyage difficile de deux jours. Elle a déclaré qu’ils ont été accueillis par les YPG, les YPJ et les représentants régionaux du Rojava et qu’ils ont également eu des entretiens directs avec Mazlum Abdi.
Selon Simonnet, l’objectif de la délégation en se rendant au Rojava était de briser le silence de la communauté internationale sur ce qui se passait au Rojava et d’observer la résistance sur place.
Danielle Simonnet a déclaré que le mouvement des femmes l’avait profondément marquée et a déclaré : « J’ai été très impressionnée lorsque j’ai appris lors de notre rencontre avec l’Institution Jineologî que les premières activités menées dans les premiers villages libérés de l’EI étaient des réunions de femmes. »
« Au Rojava, les femmes se sont battues non seulement contre l’EI, mais aussi contre les idées patriarcales. Elles ont profité de l’occasion qui s’offrait à eux pour défendre leur peuple et conquérir leur propre liberté », a déclaré Simonnet.
Elle a souligné que les YPJ invitaient les femmes à des réunions en faisant du porte à porte et que la pérennité des droits des femmes n’était possible que si les femmes s’organisaient entre elles.
Parlant de sa première visite à Kobanê, Danielle Simonnet a déclaré qu’elle pensait que le Rojava était constitué uniquement de plaines plates, mais qu’elle avait été surprise de voir la nature montagneuse et luxuriante.
Danielle Simonnet, qui a déclaré avoir assisté à un grand événement à Kobanê où les gens dansaient la ronde (govend) sans distinction de religion, de langue ou de race, a déclaré : « Nous ne nous attendions pas à ce que les gens soient si pleins de joie de vivre dans un tel environnement de guerre. Nous avons vu une photographie du système que les Kurdes veulent créer. » Elle a également partagé les moments d’émotion qu’ils ont vécus en visitant les tombes de milliers de jeunes au cimetière des martyrs de Kobanê.
L’une des visites les plus bouleversantes de la délégation a été celle du camp d’Al Hol. Le camp était divisé en deux: il y avait d’un côté des familles de l’EI et de l’autre côté des personnes ayant quitté l’EI.
Simonnet a souligné que les taux de natalité sont dix fois plus élevés qu’ailleurs dans la région. Elle a déclaré que les Forces démocratiques syriennes (FDS) demandent à la communauté internationale soit d’établir un tribunal, soit que les pays reprennent leurs propres citoyens pour les juger. Elle a cependant déclaré que la communauté internationale fermait les yeux sur le fait que les FDS portaient seules ce fardeau.
Simonnet a déclaré que, lors de la rencontre avec le commandant en chef des FDS Mazlum Abdi, ils ont souligné l’importance de garantir les droits des femmes, culturels et ethniques pour l’avenir du Rojava. Simonnet a déclaré que les FDS n’étaient pas contre le fait de rejoindre l’armée syrienne, mais qu’il ne leur était pas possible de déposer les armes sans la garantie d’un confédéralisme démocratique.
Critiquant la politique française au Rojava, Danielle Simonnet a déclaré : « Erdogan mène une guerre contre les Kurdes, en violation du droit international. La France, de son côté, cède aux pressions de l’État turc par le biais d’accords sur les réfugiés, tout en adhérant aux politiques de l’UE. Le système mis en place au Rojava est un modèle que nous devrions suivre. »
Rappelant les massacres ciblant les Kurdes perpétrés à Paris en 2013 et 2022, Simonnet a déclaré que la France ne pouvait pas donner de réponse claire à la quête de justice et que le maintien du PKK sur la liste des organisations terroristes de l’UE était sous la pression de l’État turc.
Simonnet a appelé à une plus grande solidarité pour soutenir le renforcement du mouvement des femmes au Rojava et l’établissement d’un confédéralisme démocratique, et a déclaré qu’elle était inspirée par la joie de vivre et l’esprit de résistance du peuple du Rojava, malgré la guerre et les attaques.
A la fin de la rencontre, les activistes kurdes ont offert à Danielle Simonnet le livre « Manifeste pour une civilisation démocratique. Vol. III. Sociologie de la liberté » d’Abdullah Ocalan.