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PARIS. Une délégation de l’AANES invitée à l’Assemblée Nationale et au Sénat

PARIS – Aujourd’hui, une délégation officielle du Rojava / Syrie du Nord et d’Est (AANES) a menée une série de rencontres au Sénat français et à l’Assemblée Nationale. Lors des discussions portant sur l’avenir de la Syrie, la délégation du Rojava a insisté sur la nécessité d’inclure toutes les minorités ethniques et religieuses dans le processus qui dessinera la nouvelle Syrie.

Elham Ahmad, co-présidente du conseil exécutif de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES), et Nazira Goreya, secrétaire du parti de l’Union Syriaque en Syrie et responsable des relations internationales, accompagnées d’Abdelkarim Omar, représentant de l’AANES en Europe et de Kerim Kamar, représentant de l’AANES en France ont été invités au Sénat et à l’Assemblée nationale.

Parmi les député.e.s, sénateurs/trices et conseillers municipaux invités il y avait : Rémi Féraud, Hélène Conway Mouret, Genevière Garrigos et Dylan Boutiflat pour le Parti Socialiste ; Thomas Portes, Hadrien Clouet et Pascal Savoldelli pour La France Insoumise ; Danielle Simonnet pour l’Après, Jérôme Gleizes, Anne Souyris pour l’Alliance verte, Pascal Savoldelli et Lamya Kirouani pour le Parti communiste.

La délégation du Rojava arrivant au Sénat

Lors de deux réunions distinctes, la délégation du Rojava ont discuté du processus politique en cours en Syrie, avec la commission récemment désignée qui doit préparer une conférence nationale afin de rédiger une nouvelle Constitution. « Cette commission désignée par le gouvernement n’est pas représentative » , a déclaré Nazira Goerya . « L’ ancien régime a agi de la même manière. Une femme a été désignée et était censée nous représenter tous, tous les chrétiens. » Elham Ahmad a ajouté : « Nous voulons une commission électorale élue, sinon nous allons vers un régime autoritaire. Cette commission actuelle va désigner des personnalités mais elle devrait désigner des représentants des communautés. »

La délégation a déclaré que les institutions politiques de l’AANES doivent faire partie de la nouvelle Syrie démocratique et décentralisée. Et les Forces démocratiques syriennes doivent être maintenues dans cette phase de transition, « car Daesh et ses cellules dormantes se réveillent partout », ont-ils déclaré. « Et HTS n’est pas en mesure de leur faire face militairement. La coalition internationale a donc toujours son rôle à jouer, avec la France en faisant partie ».

La délégation du Rojava à l’Assemblée Nationale

Geneviève Garrigos, ancienne présidente d’Amnesty International en France, a déclaré que les déplacés internes devraient pouvoir rentrer chez eux à Afrin, Tal Abyad et Serekeniye. « Ahmad Al Chara s’est rendu à Afrin », a répondu Elham Ahmad, « et a promis que les Kurdes pourraient rentrer chez eux, mais les actes ne suivent pas les déclarations. Afrin est toujours sous le contrôle des factions soutenues par la Turquie ». Elham Ahmad a poursuivi en affirmant que la Turquie ne joue pas un rôle positif pour le moment. « La Turquie continue de nous attaquer », a-t-elle dit. « La Turquie prépare une coalition avec l’Irak, la Syrie, la Jordanie et l’Arabie saoudite pour lutter contre Daesh, mais leur véritable objectif est d’éliminer les FDS. La Turquie est le seul obstacle qui nous empêche de parler directement avec Damas. Nous voulions rencontrer Asaad al-Shaibani le ministre des Affaires étrangères syrien, mais il a refusé. Nous savons que c’est à cause du veto turc. Nous voulons que la Turquie cesse d’interférer dans les affaires intérieures de la Syrie. La Turquie veut un système centralisé et nationaliste en Syrie. Quand Chara était en Turquie, il a utilisé le terme de République syrienne, mais Erdogan et Fidan ont utilisé le terme de République arabe syrienne. Nous sommes donc d’accord avec Chara’a sur le terme de République syrienne, mais la Turquie n’est pas d’accord. Nous pouvons comprendre que la Turquie ne soit pas contente du dialogue intercommunautaire, mais au moins devrait-elle arrêter d’utiliser son veto pour que Damas nous parle. »

Abdelkarim Omar, représentant européen de l’AANES, a répondu à une question sur le dialogue inter-kurde. « Des discussions sont en cours pour créer une force de représentation unique des Kurdes en Syrie afin que leur voix soit plus forte à Damas et plus unifiée. »

Lamya Kirouan a réitéré l’engagement des membres de la délégation à poursuivre le travail de solidarité politique au sein du Sénat et de l’Assemblée nationale française, mais aussi avec la société civile afin d’obtenir un cessez-le-feu dans la région pour que Damas prenne en considération le modèle politique de l’AANES, « qui est un modèle extrêmement riche pour toute la Syrie », a-t-elle conclu. Elham Ahmad a acquiescé en affirmant que « si nous pouvons dialoguer avec le gouvernement de Damas, ils pourraient apprendre de notre expérience. Nous sommes disposés à partager notre expérience avec Damas. Nous espérons qu’ils seront ouverts à davantage de dialogue. Le contrat social est très précieux, nous voulons le protéger. Nous voulons aussi mettre l’accent sur la volonté de décentralisation, sinon ce sera comme avant et cela mènera à une guerre civile. Nous voulons stimuler le dialogue inter-syrien ».

La sénatrice Anne Souyris a déclaré que « Erdogan essaie de faire taire la France, et nous devons faire l’inverse au Sénat et à l’Assemblée nationale. Nous pouvons intervenir auprès du gouvernement, car ils sont obligés de nous répondre ».

Thomas Portes, député de la France Insoumise, a rappelé les trois priorités de la délégation : « Un cessez-le-feu doit être imposé à la Turquie, la nouvelle Syrie doit être construite avec les Kurdes, certainement pas contre eux, et la France doit cesser son éviction des Kurdes et lever le secret-défense sur l’assassinat des trois femmes kurdes tuées en 2013. »

En réponse à une question du député Hadrien Clouet sur la politique de la nouvelle administration américaine avec Trump concernant leurs troupes en Syrie, Elham Ahmad a déclaré que « Trump n’a toujours pas défini sa politique à l’égard de la Syrie et de ses troupes en Syrie. Les États-Unis sont toujours engagés à combattre Daesh et il y a des signes qu’ils continueront leur présence sachant qu’il y a une résurgence de Daesh. »

La députée française Danielle Simonnet a dénoncé l’attaque fasciste ayant ciblé un événement antifasciste qui avait été organisé dans les locaux de l’Association culturelle des migrants de Turquie (ACTIT) et a conclu la réunion par un cadeau offert à la délégation de l’AANES : un dessin de Louise Michel, célèbre féministe française ayant participer à la Commune de Paris.

Photos et texte via Chris Den Hond