AccueilFemmesRojava : quel avenir ? Opportunités et défis des femmes en Syrie

Rojava : quel avenir ? Opportunités et défis des femmes en Syrie

PARIS – Lors d’une rencontre-débat en ligne à l’initiative du Mouvement des femmes kurdes en France (TJK-F), Rohilat Efrin, commandante des Unités de Protection des Femmes (YPJ) et Emine Osê, co-présidente du Conseil exécutif de l’AANES (Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie), ont donné leur vision de la situation actuelle au Rojava et présenté des perspectives d’avenir pour la Syrie. «  Comment pouvons-nous soutenir les idées de paix et d’égalité que représente le Rojava ? » s’est interrogée Sylvie Jan, présidente d’honneur de l’association France-Kurdistan, en lançant le débat en tant que modératrice. A l’issue d’une heure et demie d’échanges passionnants, cette réunion a été brutalement hackée par des extrémistes ultranationalistes d’extrême-droite diffusant des images abjectes suscitant un communiqué indigné de France Kurdistan :
 
« Cela en dit long sur les violences que doivent subir, notamment les femmes, sous la férule de l’Etat turc et de ses alliés djihadistes. Cette interruption ne nous détournera pas notre ardente volonté d’être aux côtés des femmes kurdes dans leur combat pour mettre un terme à toutes les formes de domination ».
 
Pascal Torre et Roseline Kisa, co-président.es de France-Kurdistan, proposent un compte-rendu des interventions de Rohilat Efrin et Emine Osê.
 
La résistance populaire fait face aux djihadistes et à l’armée turque
 
Les Kurdes qui ont lutté les premiers contre le régime de Bachar al-Assad (Qamișlo, 2004) se réjouissent de sa chute mais expriment leurs doutes sur les nouveaux maîtres du pouvoir issus de mouvements terroristes djihadistes. Ces derniers portent une idéologie violente, fondamentaliste, masculiniste, opposée à la démocratie et aux droits des femmes.
 
Leur stratégie initiale visait à permettre au HTC (groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Cham), de prendre Damas et à l’ANS (Armée nationale syrienne, un rassemblement de groupes rebelles soutenus par la Turquie) de s’emparer des régions sous contrôle kurde. Si dans une grande partie des régions, les armes se sont tues, ce n’est pas le cas au Rojava. Aujourd’hui, en raison de la résistance populaire, les djihadistes et les attaques aériennes de l’armée turque ne sont pas parvenus à leurs fins, notamment en ce qui concerne la prise de Kobané. Cependant, elles font des victimes et provoquent des déplacements de population dans des conditions dramatiques.
 
Le HTC entend anéantir le projet politique des Kurdes
 
Dès 2011, les Kurdes se sont engagés dans la mise en œuvre d’un nouveau projet politique. Pour lui donner vie face à la Turquie, à ses mercenaires et à Daesh, ils se sont dotés d’organisations d’autodéfense en alliance avec d’autres peuples. C’est au Rojava où les acquis démocratiques de la révolution sont les plus importants : fraternité entre les peuples, justice sociale, écologie, émancipation des femmes et démocratie. Or, le HTC entend anéantir cette expérience.
 
Les minorités exclues du congrès de Damas convoqué par le HTC
 
Le HTC a convoqué ces jours-ci un congrès à Damas, dans lequel al-Joulani a été proclamé président par intérim. En dépit des déclarations sur l’inclusivité, les Kurdes n’ont pas été invités. Ils ne sont pas les seuls. D’autres minorités comme les alaouites, les druzes ont aussi été écartées.
 
Des assassins djihadistes de femmes kurdes ont été désignés comme délégués.
 
Le HTC est sous la tutelle de la Turquie
 
Le nouveau gouvernement HTC est sous la tutelle de la Turquie, hostile notamment au projet politique des Kurdes. De toute évidence, l’avenir n’est pas dans les mains du peuple syrien.
 
Les Kurdes sont favorables à l’unité de la Syrie mais, si la question de la démocratie et du droit des femmes ne sont pas abordés, il s’agira d’un recul majeur. Cela n’est donc pas acceptable et la guerre continuera. Il y a urgence à fermer la voie à la Turquie sur le plan politique et militaire.
 
Via Amitiés kurdes de Bretagne