TURQUIE – Dix personnes ont été arrêtées lors de raids visant les municipalités du CHP dans le cadre de l’enquête sur le « terrorisme » à Istanbul. Les procureurs affirment que la coopération lors des élections locales entre le CHP et le parti pro-kurde DEM a été orchestrée par le PKK.
Au moins dix personnes ont été arrêtées à Istanbul dans le cadre d’une enquête sur des affaires de terrorisme visant des municipalités de districts gouvernées par le Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d’opposition. Parmi les personnes arrêtées figurent les maires adjoints des districts de Kartal et d’Ataşehir ainsi que des membres des conseils municipaux de Tuzla, Fatih, Adalar, Şişli et Beyoğlu.
Selon le parquet général d’Istanbul, l’enquête porte sur la coopération entre le CHP et le parti pro-kurde Egalité et démocratie du peuple (DEM) lors des élections locales de l’année dernière. Dans le cadre de la stratégie du « consensus urbain », le parti DEM n’a pas présenté de candidats dans certains districts, alors que certains membres du DEM ont été élus conseillers municipaux grâce aux listes du CHP.
Le parquet a affirmé que cette coopération avait été orchestrée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un parti interdit, pour étendre son influence dans les zones métropolitaines. Une déclaration écrite du parquet décrit ce partenariat comme un effort « pour accroître la présence de l’organisation dans les grandes villes ».
Les raids de la police tôt le matin ont notamment consisté à perquisitionner les bureaux des maires adjoints de Kartal et d’Ataşehir.
Une partie d’une répression plus large
Cette dernière opération s’inscrit dans une série d’enquêtes visant les municipalités où le CHP et le parti DEM ont collaboré. En octobre, le maire d’Esenyurt, Ahmet Özer, membre kurde du CHP, a été arrêté pour terrorisme et remplacé par un administrateur nommé par le gouvernement. En janvier, une opération similaire avait vu le maire du district de Beşiktaş être arrêté et remplacé par un administrateur.
Le maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, également membre du CHP, fait également l’objet d’enquêtes distinctes. Il est accusé d’avoir « ciblé des responsables antiterroristes » et d’avoir « tenté d’influencer le pouvoir judiciaire ».
Le maire d’Istanbul appelle à des élections anticipées
En réponse à ces raids, İmamoğlu a publié une déclaration sur les réseaux sociaux, affirmant que ces raids visaient à saper le succès électoral du CHP. « Ils ne peuvent pas accepter que notre parti ait gagné avec une marge d’un million de voix contre nos rivaux », a-t-il déclaré.
« Ces personnes, qui effectuaient des tâches de routine avant les élections, sont maintenant soudainement qualifiées de « terroristes ». Tout comme notre maire d’Esenyurt, le professeur Ahmet Özer, âgé de 65 ans, qui a été déclaré « terroriste » après les élections », a déclaré le maire.
« Lors des élections du 31 mars, notre parti a remporté 26 sièges dans les municipalités de district d’Istanbul et a battu notre adversaire aux élections métropolitaines avec une marge d’un million de voix », a déclaré M. İmamoğlu, soulignant le succès électoral de son parti. « Vous devrez accepter ce succès, d’une manière ou d’une autre. Nous ne vous permettrons pas de tromper l’opinion publique avec des opérations politiques. »
İmamoğlu a également attribué les difficultés économiques actuelles de la Turquie au parti au pouvoir et a appelé à des élections anticipées : « Nous payons le prix d’un système corrompu, créé par quelqu’un qui se croit le maître du peuple.
Nous payons le prix fort, nous subissons des difficultés financières et nous subissons une détérioration sociale et politique croissante. C’est pourquoi nous nous sommes lancés dans cette aventure : nettoyer les pommes pourries de ce système en décomposition. Nous voulons des élections anticipées pour conduire la Turquie vers la démocratie et la prospérité qu’elle mérite. »
Les urnes viendront vite ! Les élections ont lieu quand le peuple les demande, pas quand vous le décidez. Les urnes viendront, une personne ira voter et tout changera ! »
Le président du CHP pour la province d’Istanbul, Özgür Çelik, a également condamné l’opération sur les réseaux sociaux, déclarant : « Nous mettons en garde le gouvernement, qui a perdu sa capacité à gouverner et compte sur les raids à l’aube. Arrêtez de détruire l’État de droit et d’éroder la confiance dans notre système judiciaire. Mettez fin à cette persécution du peuple. Apportez les urnes ! » (Bianet)