PARIS – Interpellé à L’Assemblée Nationale par la députée Danielle Simonnet, le ministre français des Affaires étrangères Jean Noël Barrot annonçait que les Kurdes participeront également à la conférence de Paris le 13 février, où sera discuté l’avenir de la Syrie. Quelques jours plus tard, on apprend qu’il n’y aura finalement pas de délégation kurde à Paris.
Danielle Simonnet ne décolère pas devant le volte-face du gouvernement français et demande si « le ministre des affaires étrangères a-t-il menti à l’Assemblée nationale ? » dans un communiqué daté du 7 février 2025.
Voici le communiqué de Simonnet :
Soutien aux kurdes : le ministre des affaires étrangères a-t-il menti à l’Assemblée nationale ?
Ce mardi, lors des Questions au gouvernement, j’interrogeais M. Jean-Noël Barrot, ministre des affaires étrangères, sur le soutien de la France aux kurdes, et plus particulièrement sur l’invitation de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES ou Rojava) à la conférence internationale sur la Syrie qui se tiendra le 13 février prochain à Paris.
La réponse du ministre sur ce dernier point était très claire : “Je vous confirme que les Kurdes seront bien présents à la conférence organisée le 13 février à Paris, qui vise à faire entendre nos exigences pour cette transition”
Or, on apprend en écoutant le point presse du porte parole du quai d’Orsay ce jour que “La conférence qui est organisée le 13 février prochain à Paris sur la Syrie est une conférence ministérielle. C’est une conférence avec des invitations qui ont été lancées à des ministres des affaires étrangères donc à des gouvernements donc les kurdes ne sont pas dans cette conférence puisque qu’ils n’ont pas de ministre.” Le même porte-parole réduit l’Administration autonome du Nord-est syrien à un “groupe ethnique et confessionnel”, alors qu’il s’agit bien d’une région autonome, avec sa propre administration, ses forces armées, les Forces Démocratiques Syriennes, à qui nous devons la victoire contre Daech, et l’élaboration d’un système politique démocratique, multi-ethnique, féministe unique au monde qu’il convient de préserver. Pourtant, ce système est aujourd’hui menacé par les attaques des milices payées par la Turquie, qui font chaque jour des victimes civiles au barrage Tichrine. Le gouvernement syrien ne donne pas de garanties aujourd’hui sur la possibilité pour cette région de conserver son autonomie et les droits acquis, et de participer pleinement au processus constituant de la nouvelle Syrie.
La France va donc exclure ceux qui ont permis la victoire contre Daech des discussions sur l’avenir de la Syrie ? Ce serait inconcevable, au vu des propos forts du ministre ce mardi. Je réaffirme donc la nécessité de la présence de l’AANES à cette conférence, et demande à M. Jean-Noël Barrot de clarifier ses intentions : la promesse faite devant l’Assemblée nationale de les convier à cette conférence sur l’avenir de la Syrie doit être tenue. La France ne doit pas abandonner le Rojava, l’AANES, premiers artisans de la victoire contre Daech il y a 10 ans.
Communiqué de presse de Danielle Simonnet, députée de Paris