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TURQUIE. Les mères du samedi demandent justice pour Maksut Tepeli

TURQUIE – Lors de leur 1037e veillée hebdomadaire, les Mères du Samedi ont demandé justice pour Maksut Tepeli, un enseignant kurde de 28 ans porté disparu le 2 février 1984 après être arrêté par la police.

 

L’Initiative des mères du samedi d’Istanbul s’est réunie pour la 1037e fois pour dénoncer les disparitions forcées et exiger justice pour les victimes. Lors de  leur veillée d’aujourd’hui, elles ont demandé ce qui était arrivé l’enseignant Maksut Tepeli, disparu  en détention le 2 février 1984. Il était marié et père d’une fillette de 2 ans.

 

Arrêté alors qu’il était blessé

Maksut Tepeli avait été blessé par balles lors de son arrestation. Pourtant, il n’a pas été emmené à l’hôpital, mais à la police politique où Il a été torturé pendant l’interrogatoire. Quand son état s’est aggravé, il a été emmené à l’hôpital Haydarpara. Depuis, on n’a plus aucune trace de lui. Son épouse, Şehriban Tepeli a dû quitter le pays avec leur enfant parce qu’elle était recherchée. Elle n’a reçu aucune information sur Maksut. A son retour en Turquie, elle a découvert qu’elle était enregistrée comme veuve. Elle a déposé une plainte auprès du parquet de Kadiköy. Le parquet a écrit à de nombreuses autorités, mais a gardé secret le sort de Maksut pendant trois ans. En 2006, on a appris que Maksut était mort à l’hôpital. Sa famille a voulu savoir où se trouvait sa tombe, mais le parquet a arrêté la procédure. Tous les recours contre cette décision ont été rejetés. Une requête a ensuite été déposée auprès de la Cour constitutionnelle. Comme elle n’a pas rendu de décision, l’affaire a été portée devant la Cour européenne des droits de l’homme (CDEH).

Depuis plus de 29 ans, les mères du samedi demandent justice pour leurs disparu.e.s
 
Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
 
Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
 
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.