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TURQUIE. Les mères du samedi: « Où est Mahmut Kaya ? »

 
 
ISTANBUL – Lors de leur 1031ème veillée hebdomadaire, les Mères du Samedi ont réclamé justice pour Mahmut Kaya, un jeune Kurde tué sous la torture en détention il y a 44 ans et dont le corps n’a pas été rendu à la famille et dont les assassins continuent de bénéficier de l’impunité.
 
Sebla Arcan a lu la déclaration au nom des mères du samedi.
 
Arcan a déclaré:
 
« Aujourd’hui, c’est le dernier samedi de 2024. La ruée vers le Nouvel An a commencé, les gens envisagent d’entrer dans la nouvelle année avec leurs proches. Cependant, nous sommes profondément attristés de laisser derrière nous une autre année au cours de laquelle nos efforts pour apprendre le sort de nos proches disparus en détention a été vain.
 
Mahmut Kaya, 21 ans, a été arrêté à Kars le 23 décembre 1980, alors qu’il accrochait une banderole dénonçant le massacre [des Kurdes alévis] de Maraş (…). Après avoir été arrêté, il a été emmené à la direction de la branche politique par le commandement de la loi martiale. Selon de nombreux témoignages, Mahmut Kaya a été tué le 3 janvier 1981, après dix jours de tortures intenses. (…) »
 
Le corps de Mahmut Kaya n’a jamais été rendu à sa famille à laquelle les autorités turques ont répondu que leur fils n’avait pas été arrêté.
 
 
Depuis plus de 29 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque
 
Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
 
Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
 
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par des paramilitaires turcs (JITEM*) ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.

*JITEM: Abréviation de Jandarma İstihbarat ve Terörle Mücadele (service de renseignements et antiterrorisme de la gendarmerie). JITEM a été actif dans le conflit kurde en Turquie. Après le scandale de Susurluk, les anciens premiers ministres Bülent Ecevit et Mesut Yılmaz ont confirmé l’existence de JİTEM.