Arrière-plan
Le 14 juin 2018, dix jours avant les élections législatives en Turquie, le député AKP Ibrahim Halil Yıldız, accompagné de ses proches et de ses gardes du corps, a visité le commerce familial de la famille Şenyaşar à Suruç. Après une discussion sur les votes aux élections, une altercation verbale a éclaté, qui s’est terminée par une fusillade. Des caméras de sécurité ont filmé le moment où les compagnons de Yıldız, armés de couteaux, de bâtons, de pistolets et d’armes à feu longues, ont attaqué les propriétaires du commerce. Les frères Celal et Adil Şenyaşar, ainsi que Mehmet Şah Yıldız, l’un des agresseurs, se sont effondrés couverts de sang à cause de blessures par arme blanche et par balle. Ferit et Fadıl Şenyaşar ont également été blessés. Le bain de sang s’est poursuivi dans les différents hôpitaux où les blessés avaient été emmenés. Au final, quatre personnes sont mortes : le père de famille, Hacı Esvet Şenyaşar, ses fils Celal et Adil Şenyaşar, et l’agresseur Mehmet Şah Yıldız.
Fadıl Şenyaşar a été condamné à 37 ans de prison pour meurtre et tentative de meurtre. Des enregistrements vidéo montrent qu’il a été battu par cinq agresseurs, tandis que Mehmet Şah Yıldız a été touché par une balle provenant d’une autre direction, probablement de l’arme de son frère. Parmi les agresseurs, seul Enver Yıldız a été reconnu coupable de meurtre. Il a été initialement condamné à la réclusion à perpétuité, mais sa peine a ensuite été réduite à 18 ans. Le tribunal a considéré comme une circonstance atténuante le fait que le crime ait été commis spontanément au cours d’une dispute qui s’est envenimée. La défense des Şenyaşar, en revanche, est convaincue qu’il s’agissait d’une attaque planifiée. Trois des agresseurs qui avaient été emprisonnés ont également été libérés hier et assignés à résidence.
Emine et Ferit Şenyaşar réclament justice depuis des années devant le tribunal d’Urfa, puis devant le ministère de la Justice à Ankara. Tous deux ont été arrêtés et inculpés à plusieurs reprises, notamment pour avoir insulté le président. Leur combat pour la justice a été soutenu par un large éventail de personnes et d’organisations, notamment l’organisation médicale pour la paix IPPNW.