Deux cafés populaires du quartier historique de Suriçi à Diyarbakır, Karga et Hewş, ont été pris pour cible à plusieurs reprises par des agresseurs exigeant l’interdiction de l’alcool et des codes vestimentaires plus stricts pour la clientèle féminine. Ces incidents ont suscité des inquiétudes quant à la montée de l’extrémisme religieux dans la région.
Les attaques ont commencé le 11 juillet, lorsque trois individus, identifiés plus tard grâce aux images de sécurité, ont lancé une attaque à coups de feu et de bombes assourdissantes contre les cafés. Les assaillants, qui avaient exigé que les cafés arrêtent de servir de l’alcool et que les clients respectent un code vestimentaire conservateur, ont été arrêtés mais libérés après avoir passé environ un mois en détention.
Le 25 août, deux des individus précédemment arrêtés, identifiés comme VG et UY, sont retournés dans l’un des cafés, menaçant le personnel. Selon les rapports, ils ont exigé que le café cesse d’autoriser les femmes vêtues de vêtements qu’ils jugeaient inappropriés à visiter l’établissement. Après une altercation verbale, VG et UY ont agressé physiquement les employés du café.
Malgré la présence de policiers en véhicules blindés, stationnés à proximité suite aux attaques précédentes, la situation a dégénéré. Au cours de l’incident, l’un des assaillants aurait tenté de s’emparer de l’arme d’un policier.
« Ils nous ont attaqués devant la police »
Bahoz Damlayıcı, le gérant du café, a exprimé sa colère en déclarant aux médias : « Il y a une heure à peine, je vous ai informé que ces individus nous ont attaqués devant des dizaines de policiers, et maintenant ils ont été libérés. S’il nous arrive quelque chose, ceux qui ont permis leur libération en seront responsables. »
Damlayıcı a expliqué que les menaces avaient commencé en mai et que la situation avait dégénéré en violences en juillet. Il a également souligné la capacité des agresseurs à retourner librement sur les lieux du crime malgré leurs actions précédentes. « Nous ne comprenons pas comment ces gens, qui crient « Allah Akbar », ont pu retourner dans cette rue. S’il nous arrive quelque chose, ce sera leur faute. Nous exigeons que notre sécurité soit garantie et avertissons que ces attaques contre notre mode de vie pourraient bientôt menacer tous les habitants de Diyarbakır. J’appelle tout le monde à se montrer solidaire de nous. »
Rappel au Hezbollah
Ceylan Akça Cupolo, députée de Diyarbakır du Parti de l’égalité des peules et de la démocratie (DEM), a déjà attiré l’attention sur le nombre croissant d’attaques contre des civils, des pique-niques et des entreprises dans la région. Dans une enquête parlementaire soumise le 16 juillet, Cupolo a déclaré : « Le fait que ces individus, qui sont connus des forces de l’ordre et envoient ouvertement des menaces et des messages de mort, puissent poursuivre leurs attaques en toute liberté rappelle les groupes soutenus par l’État comme le Hezbollah dans les années 1990. »
Le Hezbollah kurde dirigé par les services secrets turcs (MIT), est un groupe d’islamistes utilisé par l’Etat turc contre le PKK dans les années 1990 dans les régions kurdes. Le groupe a commis des assassinats ciblés sur des milliers de personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et d’autres personnalités publiques kurdes. Le groupe n’a aucun lien avec le Hezbollah libanais.