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TURQUIE. Le salut des loups gris suscite des craintes quant à la montée du fascisme

TURUQIE – Le soutien public de Merih Demiral au mouvement ultranationaliste des Loup Gris, marqué par sa déclaration selon laquelle le symbole du groupe est « un symbole commun de la nation turque », signale la généralisation des idéologies fascistes et le renforcement d’un cadre post-fasciste en Turquie, selon des universitaires.
 
Le salut des loups griss suscite des craintes quant à la montée du fascisme, selon des universitaires
 
Le salut des Loups Gris, ultranationalistes turcs, effectué par le footballeur national turc Merih Demiral lors d’un match du Championnat d’Europe contre l’Autriche a suscité un large débat en Turquie, écrivent les universitaires Özgür Sevgi Göral et Foti Benlisoy dans un article publié lundi par Artı Gerçek. Les réactions nationalistes turques suite à la décision de l’UEFA de suspendre Demiral pour deux matches ont suscité des inquiétudes quant à la normalisation croissante des symboles fascistes en Turquie.
 
 
Le ministère turc des Affaires étrangères a défendu le salut comme un « symbole historique et culturel », tandis que des experts populaires comme İlber Ortaylı l’ont qualifié d’emblème commun de la nation turque. Un large consensus s’est rapidement dégagé, le parti nationaliste turc İYİ préparant même un projet de loi pour reconnaître officiellement le signe des Loups gris comme le « symbole national des Turcs ».
 
Le soutien public de Merih Demiral au mouvement des Loups Gris, marqué par sa déclaration selon laquelle le symbole du groupe est « un symbole commun de la nation turque », signale la généralisation des idéologies fascistes et le renforcement d’un cadre post-fasciste en Turquie, ont déclaré Göral et Benlisoy.
 
Selon les universitaires, la généralisation des symboles fascistes en Turquie n’est pas un phénomène nouveau. Depuis les années 1990, des efforts concertés ont été déployés pour redéfinir le Parti du mouvement nationaliste (MHP), un parti actuellement membre de la coalition au pouvoir en Turquie et dont les racines sont dans la tradition fasciste du pays, en tant qu’entité politique respectable. Cette tendance reflète les changements mondiaux qui ont suivi l’effondrement du « socialisme réel » en 1989, qui a vu l’érosion du consensus antifasciste qui était fort depuis la Seconde Guerre mondiale.
 
Göral et Benlisoy soutiennent que les interprétations antifascistes classiques sont de plus en plus rejetées comme obsolètes, et que des mouvements comme le MHP en Turquie, le Rassemblement national en France et l’Alliance nationale en Italie sont désormais considérés comme des éléments légitimes du « centre-droit ».
 
Cela a facilité la légitimation des symboles et des pratiques fascistes.
 
Cette évolution est renforcée par un nouveau récit historique qui minimise les crimes du fascisme et assimile la violence fasciste à la résistance antifasciste. Connue sous le nom de paradigme « post-antifasciste », cette approche considère l’antifascisme comme un dogme idéologique et cherche à le démanteler, contribuant ainsi à discréditer la résistance antifasciste en se concentrant sur ses « crimes » et sa violence. En Turquie, ce changement a été soutenu par le récit médiatique décrivant les conflits violents de la fin du XXe siècle comme un « conflit gauche-droite », où les deux camps étaient victimes de « centres obscurs », dépolitisant la mémoire des victimes de la violence fasciste et requalifiant les fascistes en acteurs politiques légitimes.
 
Le cas de Merih Demiral et du salut du loup gris illustre la banalisation des symboles fascistes. Göral et Benlisoy soutiennent que considérer cette question comme un simple débat historique ou conceptuel revient à négliger la gravité de la légitimation actuelle du fascisme. Pour lutter contre la normalisation du fascisme, ils appellent à une position antifasciste qui s’appuie sur les traditions historiques tout en abordant les manifestations contemporaines. (Medya News)

Les loups gris

Les partisans du mouvement fasciste « Ülkücü » (« idéalistes ») sont communément appelés les « Bozkurtlar (loups gris) ». En Turquie, le MHP ultranationaliste est leur représentant politique et allié de l’AKP islamiste du président Recep Tayyip Erdoğan. Leur symbole est le « salut du loup », dans lequel le majeur et l’annulaire touchent le bout du pouce, tandis que l’index et l’auriculaire sont tendus vers le haut. Dans l’idéologie des « loups gris », la turcité est considérée comme supérieure. Les ennemis sont tous ceux qui ne s’intègrent pas dans l’empire turc auquel ils aspirent: les Kurdes, les Arméniens, les Grecs, les Alévis, les chrétiens et les Juifs, les homosexuels, des gauchistes et des féministes. Le joueur national turc Merih Demiral a fait le salut du loup lors du huitième de finale du Championnat d’Europe contre l’Autriche, provoquant un scandale. Il a été suspendu pendant deux matchs.