PARIS – En novembre 2021, les Loups Gris turcs avaient profané la tombe du célèbre chanteur kurde Ahmet Kaya inhumé dans le cimetière de Père Lachaise*, à Paris, la veille de la date l’anniversaire de sa mort qui est le 16 novembre. La famille d’Ahmet Kaya a décidé de restaurer la tombe fortement endommagée. Malheureusement, le texte accompagnant la photo de la tombe détruite n’a pas été assez explicite, pensant croire à une deuxième attaque par de nombreux médias, dont Kurdistan au féminin qui présente ses excuses les plus sincères au public et à la famille d’Ahmet Kaya.
En 2021, les fascistes turcs avaient détruit la pierre tombale d’Ahmet Kaya et écrit « Türkiye » (Turquie) sur la tombe de Kaya. Melis Kaya a partagé ses réflexions sur les réseaux sociaux, soulignant le dévouement de son père tout au long de sa vie à la musique et au paysage culturel diversifié de la Turquie. « La dernière injustice à laquelle mon père a été confronté a été de voir sa tombe profanée pour avoir dit « Je suis kurde » », a-t-elle fait remarquer.
La veuve de Kaya, Gulten Kaya qui a écrit sur son compte Instagrame qu’ils allaient refaire la tombe de Kaya dont : « Le relief contenant son visage a été brisé en morceaux avec un marteau et on a écrit ‘Türkiye’ sur le front avec un marker noir.
(…)
Un rappel de ce que signifie la nécropolitique pour les Kurdes, dont les cadavres étaient conservés au réfrigérateur ou laissés au milieu de la route pendant des jours, (…) attachés à l’arrière des véhicules de police avec des cordes et traînés au sol, dont les corps sans vie ont été déshabillés, dont les os ont été remis à leurs parents dans un sac poubelle, et surtout pour les Arméniens et les Juifs dont les cimetières ont été démolis et détruits, pour nous faire réfléchir une fois de plus à ce contre quoi nous sommes réellement aux prises (…) »
Qui était Ahmet Kaya
Ahmet Kaya
Né le 28 octobre 1957 à Malatya, Ahmet Kaya était chanteur, écrivain et compositeur kurde, originaire d’Adiyaman.
Chanteur de la musique contestataire, Kaya a dédié sa courte vie à la paix et à la musique au milieux des persécutions étatiques en Turquie. Il se disait « Kurde de Turquie ».
Plusieurs des albums de Kaya ont battu des records de ventes. Avec plus de 20 albums, Kaya est de loin l’un des artistes les plus influents et les plus controversés contemporains en Turquie, qui s’était engagé sur des questions sociales et politiques.
Ahmet Kaya a dû fuir la Turquie pour avoir dit qu’il allait sortir un album en kurde. Il est mort à Paris en 2000. Une élégie « Ya beni sarsa memleket hasreti / Et si le mal du pays me prenait » raconte l’histoire de son agonie, de ses souffrances, de son désir pour son peuple et sa patrie dont il a été arraché.
Ahmet Kaya a payé cher son souhait de « chanter en kurde » lors d’une cérémonie de remise des prix en direct à la télévision en 1999. Les autorités turques ont lancé des poursuite à son encontre. Les journaux et les chaînes de télévision de tout le pays l’ont pris pour cible avec des informations fabriquées de toutes pièces le qualifiant de « traître » et de « terroriste ». Les médias turcs ont dépeint Kaya comme « étant membre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) » pour avoir déclaré qu’il était kurde.
La tombe d’Ahmet Kaya se trouve au cimetière parisien du Père-Lachaise, 71ème division, 1ère ligne face à la 72ème division.
*En plus d’Ahmet Kaya, Père Lachaise accueille plusieurs célébrités kurdes dont le cinéaste Yilmaz Guney, Abdul Rahman GHASSEMLOU, Abdullah GHADERI AZAR…