Le 27 juin, Scharo Maroof du site Kurdistan Monitor a partagé des images montrant que la porte frontière près d’Al-Bab, connue sous le nom d’« Abu Zendan », avait été ouverte, permettant aux camions chargés de marchandises de passer.
Maroof a souligné que la Turquie était prête à céder le contrôle de ses territoires occupés au président syrien à condition qu’Assad s’engage dans des hostilités contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes. Selon Maroof, une partie de cette stratégie consiste pour le régime d’Assad à vendre ses marchandises à des commerçants syriens, qui les revendraient ensuite à des entreprises turques, contournant ainsi les sanctions. Des factions de l’Armée nationale syrienne (ANS) soutenue par la Turquie ont commencé à construire une route sur la route Azaz-Alep pour faciliter ce commerce.
Ce revirement diplomatique fait écho à un changement de politique similaire opéré par Erdogan à l’égard du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi. Après neuf ans d’animosité, Erdogan avait serré la main de Sissi à l’ouverture de la Coupe du monde 2022 au Qatar, après quoi un sommet avait eu lieu entre les deux dirigeants.
Le 8 février 2012, Erdoğan a vivement critiqué Assad, le comparant à un dictateur et à un pharaon. Il a condamné Assad pour le massacre de Homs qui a commencé le 3 février de la même année, affirmant : « Ceux qui marchent sur les traces de leurs pères [Hafez Assad], ces dictateurs, ces pharaons, subiront certainement le sort qu’ils méritent. »
Un autre facteur expliquant ce dégel soudain pourrait être la vaste offensive turque au Kurdistan irakien. La Turquie cherche peut-être à rationaliser ses efforts contre les forces kurdes en coopérant avec Assad, déléguant ainsi le rôle de contrôle du nord de la Syrie, qui abrite le Rojava, ou Kurdistan occidental, au régime d’Assad.
Ce passage de la condamnation à la coopération met en évidence non seulement l’approche pragmatique d’Erdoğan en matière de politique étrangère, mais aussi la manière dont l’agenda anti-kurde contrôle les affaires intérieures et étrangères du pays.