AccueilMoyen-OrientErdogan prêt à se jeter dans les bras d'Assad pour arrêter la...

Erdogan prêt à se jeter dans les bras d’Assad pour arrêter la marche kurde

 
Hier, le président islamo-nationaliste Recep Tayyip Erdogan a fait un pas de plus vers la normalisation des relations turques avec le régime syrien d’al-Assad, ennemi juré d’Erdogan que ce dernier voulait liquider avec l’aide des mercenaires syriens. “Nous ne voyons aucun obstacle au rétablissement des relations avec la Syrie. [La Turquie n’a] jamais eu l’objectif de s’immiscer dans les affaires internes de la Syrie », a déclaré Erdogan lors de son discours prononcé après la traditionnelle prière de vendredi.
 
Alors que les les Kurdes syriens et leurs alliés arabes ont mis sur place un modèle de démocratie pluraliste et que les attaques sanglantes turques pour l’anéantir n’ont pas abouti, Erdogan tente cette fois-ci la carte d’Assad, en espérant ainsi liquider le Rojava.mai.

Le 27 juin, Scharo Maroof du site Kurdistan Monitor a partagé des images montrant que la porte frontière près d’Al-Bab, connue sous le nom d’« Abu Zendan »avait été ouverte, permettant aux camions chargés de marchandises de passer.

Maroof a souligné que la Turquie était prête à céder le contrôle de ses territoires occupés au président syrien à condition qu’Assad s’engage dans des hostilités contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes. Selon Maroof, une partie de cette stratégie consiste pour le régime d’Assad à vendre ses marchandises à des commerçants syriens, qui les revendraient ensuite à des entreprises turques, contournant ainsi les sanctions. Des factions de l’Armée nationale syrienne (ANS) soutenue par la Turquie ont commencé à construire une route sur la route Azaz-Alep pour faciliter ce commerce.

Ce revirement diplomatique fait écho à un changement de politique similaire opéré par Erdogan à l’égard du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi. Après neuf ans d’animosité, Erdogan avait serré la main de Sissi à l’ouverture de la Coupe du monde 2022 au Qatar, après quoi un sommet avait eu lieu entre les deux dirigeants.

Le 8 février 2012, Erdoğan a vivement critiqué Assad, le comparant à un dictateur et à un pharaon. Il a condamné Assad pour le massacre de Homs qui a commencé le 3 février de la même année, affirmant : « Ceux qui marchent sur les traces de leurs pères [Hafez Assad], ces dictateurs, ces pharaons, subiront certainement le sort qu’ils méritent. »

Un autre facteur expliquant ce dégel soudain pourrait être la vaste offensive turque au Kurdistan irakien. La Turquie cherche peut-être à rationaliser ses efforts contre les forces kurdes en coopérant avec Assad, déléguant ainsi le rôle de contrôle du nord de la Syrie, qui abrite le Rojava, ou Kurdistan occidental, au régime d’Assad.

Ce passage de la condamnation à la coopération met en évidence non seulement l’approche pragmatique d’Erdoğan en matière de politique étrangère, mais aussi la manière dont l’agenda anti-kurde contrôle les affaires intérieures et étrangères du pays.

 
On ne sait pas comment réagira Assad aux « voeux » d’Erdogan alors que la Turquie occupe plusieurs régions dans le nord de la Syrie avec l’appui des groupes islamistes syriens. Mais ces derniers sont descendus dans la rue après qu’Erdogan ait de nouveau tendu la main à Assad. Attendons voir le nombre de couleuvres qu’Erdogan est prêt d’avaler pour mettre fin à l’existence du peuple kurde en lutte contre la colonisation du Kurdistan.