IRAK / KURDISTAN – L’armée turque a envoyé des renforts militaires massifs dans la région kurde d’Irak où on parle déjà d’une colonisation turque définitive qui ne sera chassée ni par Bagdad ni par le gouvernement régional du Kurdistan.
« Si la Turquie atteint son objectif dans cette opération militaire, une partie essentielle du territoire du Kurdistan se retrouverait entre les mains des forces armées turques, et il serait presque impossible de la reprendre sous le pouvoir du gouvernement régional kurde et du gouvernement irakien », écrit Community Peacemaker Teams (CPT), ONG internationale de défense des droits humains et de réduction de la violence.
L’organisation internationale créée pour soutenir les équipes de travailleurs de la paix dans les zones de conflit à travers le monde, CPT a publié une déclaration sur les tentatives d’invasion de l’armée d’occupation turque contre le sud du Kurdistan (nord de l’Irak).
L’ONG internationale a déclaré que les forces armées turques ont lancé une nouvelle offensive militaire au Kurdistan irakien avec jusqu’à 300 chars militaires, opérant sur le terrain à Barbary Balla depuis dix jours et sont entrées dans plusieurs villages de la région.
« Le 28 janvier 2024, les forces armées turques ont commencé la construction d’un réseau routier militaire au Kurdistan irakien. Ce réseau reliait les bases militaires construites lors de l’opération « Serre d’Aigle » de 2021 dans la région de Berwary Balla, dans le sous-district de Kani Masi. La Turquie a construit ce réseau routier en quelques semaines seulement, qui a atteint 9 km de profondeur à l’intérieur du Kurdistan irakien. Le 10 avril 2024, les gardes-frontières irakiens ont construit deux bases militaires dans les villages autour de Batifa. Ces bases militaires, établies à Mily Siri et Chapere Englis, ont été construites pour empêcher la Turquie d’avancer davantage dans le Kurdistan irakien. La construction de ces deux bases a permis à des centaines de familles de Kashan, Shilan, Banke et de dizaines d’autres villages de revenir. Certains villageois avaient été empêchés de revenir sur leurs terres pendant 13 ans. Peu de temps après l’achèvement des travaux, les forces armées turques ont commencé leurs avancées militaires dans les villages de la région de Berwary Balla, situés à l’est du district de Batifa », indique le communiqué intitulé « Quels sont les objectifs des forces armées turques au Kurdistan irakien ? »
Le communiqué poursuit : « Au cours des dix derniers jours, les forces armées turques sont entrées dans les villages d’Ura, Seraro, Aradina, Keste, Chalke et Babire par les routes militaires construites en janvier de cette année. Au cours des trois derniers jours, près de 1 000 soldats turcs ont été vus faisant des allers-retours entre la base militaire de Gre-Barukh (Gre-Barukh est la base militaire turque la plus étendue du Kurdistan irakien, construite en 1997) et la montagne Metina derrière le sous-district de Bamarne. Depuis le matin du 25 juin, les forces armées turques ont mis en place un point de contrôle entre les villages de Babire et Kani Belave, et quiconque emprunte cette route verra ses papiers d’identité contrôlés par les soldats turcs. »
CPT a souligné que l’objectif actuel de la Turquie est d’établir une ligne de sécurité de Shiladze à Batifa. Cette ligne de sécurité traverse les sous-districts de Deraluke, Bamarne, Kani Mase et Begova. L’armée turque contrôlerait tous les villages, montagnes, terres, vallées et rivières situés derrière cette ligne. Le CPT a averti qu’à l’avenir, des affrontements militaires se produiront dans les zones urbaines et que les villes seront le théâtre de batailles.
« L’autre objectif de l’opération militaire turque est d’atteindre la montagne Hawt Tabaq en passant par Shiladze et de contrôler ensuite la chaîne de montagnes Gara. Si cela se produit, le gouvernement régional du Kurdistan (GRK) perdra 70 à 75 % de son pouvoir dans le gouvernorat de Duhok. En même temps, cette manœuvre militaire est une réponse à la récente construction d’une base par les gardes-frontières irakiens pour empêcher la Turquie de pénétrer davantage dans le Kurdistan irakien cette année », a déclaré l’organisation.
CPT a averti que : « Si la Turquie atteint son objectif dans cette opération militaire, alors des dizaines de villages et de villes seront confrontés à de graves menaces, et des centaines de villageois et de civils seront déplacés. Une partie essentielle du territoire du Kurdistan serait aux mains des forces armées turques et il serait quasiment impossible de la reprendre sous le pouvoir du GRK et du gouvernement irakien. »