IRAN / ROJHILAT – Ethem Özdemir, un combattant kurde capturé en 2019 lors d’affrontements entre les forces de sécurité iraniennes et les combattants du PKK, a été soumis à la torture pendant 50 jours avant d’être emprisonné et en étant privé d’avocat. Il risque désormais une exécution imminente, car un verdict de culpabilité récemment annulé a été rendu par le plus haut tribunal du pays. Les groupes de défense des droits humains dénoncent le recours par le régime à la peine de mort contre les prisonniers politiques et les dissidents.
Le combattant kurde Ethem Özdemir risque d’être exécuté prochainement par les autorités iraniennes, a prévenu le Réseau des droits humains du Kurdistan (KHRN). Récemment, le plus haut tribunal iranien aurait approuvé le verdict judiciaire prononcé contre Özdemir, combattant des Forces de défense du peuple (HPG), condamné à mort pour « inimitié contre Dieu ».
Özdemir a été arrêté en 2019 après un affrontement entre le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), les forces de sécurité iraniennes, et le HPG, une branche militaire du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans la région frontalière de l’Azerbaïdjan occidental. L’homme aurait été soumis à des tortures de la part des services de renseignement pendant 50 jours avant d’être transféré en prison.
En mars 2022, après 33 mois de détention, Özdemir a été condamné à mort et à cinq ans de prison pour « insurrection armée » et « appartenance à un groupe terroriste ». Il s’est vu refuser une représentation juridique et des soins médicaux pendant toute sa durée. Un appel déposé en 2023 contre le verdict de culpabilité a temporairement bloqué la procédure. Cependant, la récente approbation du tribunal expose Özdemir au risque immédiat d’être pendu pour la deuxième fois.
La situation des droits humains en Iran se détériore rapidement, avec une augmentation des exécutions politiques de prisonniers ces derniers mois. Selon l’agence de presse iranienne des militants des droits de l’homme (HRANA), il y a eu quelque 66 exécutions en avril, dont trois prisonnières et 56 hommes parmi les victimes. D’autres exécutions se sont poursuivies tout au long du mois de mai, au rythme moyen de 10 exécutions par semaine.
Selon l’organisme de surveillance des droits de l’homme HRANA, l’Iran persiste à exécuter des individus pour des délits qui ne répondent pas aux normes énoncées dans le traité multilatéral des Nations Unies sur les droits civils et politiques.
Les autorités iraniennes ont eu recours à la peine capitale pour intimider la résistance populaire liée à leur implication dans les manifestations antigouvernementales massives de libération des femmes qui ont éclaté dans le pays après le meurtre par la police de la Kurde Jina Mahsa Amini en 2022. Les exécutions pour des infractions liées à la drogue sont également répandues. Dans une récente affaire très médiatisée, le rappeur kurde Toomaj Salehi a été condamné à mort pour « corruption sur terre », après avoir dénoncé les violations des droits humains en Iran à travers sa musique.
Pendant ce temps, la journaliste kurde Jîna Muderîs Gurcî a été condamnée à 21 ans d’emprisonnement par un tribunal révolutionnaire iranien, jugée pour plusieurs chefs d’accusation liés à sa défense des droits des femmes et à ses activités journalistiques. Reporters sans frontières classe l’Iran au 176ème rang sur 180 pays en termes de liberté de la presse et de sécurité des journalistes.