TURQUIE / BAKUR – Entre 1937 et 1938, l’État turc a massacré près de 70 000 Kurdes alévis dans la région de Dersim et chassé des milliers d’autres tandis qu’il rebaptisait Dersim en « Tunceli » (Main de bronze) du nom de l’opération militaire de cette époque. Ce 4 mai, date du début du génocide de Dersim, de nombreuses commémorations ont lieu à Dersim mais aussi en Europe où il y a une importante diaspora kurde.
Le génocide de Dersim
Dersim était connue pour son esprit indépendant et sa résistance à l’autorité centrale des différents empires et états qui ont essayé de contrôler la région au fil des siècles. La république de Turquie nouvellement formée percevait la diversité ethnique et religieuse de Dersim comme un défi à son intégrité.
En 1936, le gouvernement turc a promulgué la Loi de réorganisation (Tunceli Kanunu), destinée à assimiler la région de Dersim. Cette loi était une réponse directe à la résistance croissante des tribus locales. Elle comprenait des mesures telles que la réinstallation forcée et la suppression des structures sociales et politiques traditionnelles.
L’année suivante, le 4 mai 1937, le Conseil des ministres, sous la présidence d’Atatürk, adopta des mesures plus drastiques qui ont mené à une intervention militaire massive. La campagne a été caractérisée par des bombardements aériens, des brûlages de villages et des exécutions sommaires. Les rapports officiels estimaient le nombre de morts à 13 000, tandis que des sources locales élevaient ce chiffre à plus de 40 000.
Le massacre a eu des répercussions profondes sur la communauté kurde de Dersim, avec des milliers de survivants déplacés ou contraints à l’exil. La politique de répression a également contribué à une méfiance durable entre les communautés kurdes et le gouvernement central.
Longtemps tabou en Turquie, le sujet du Massacre de Dersim a commencé à être discuté ouvertement à la fin des années 2000.
Cependant, la question de la reconnaissance complète et de la réparation reste sensible et divise toujours l’opinion publique turque. Les Kurdes continuent de réclamer une enquête approfondie et la restitution aux victimes et à leurs descendants.
Le Massacre de Dersim est un rappel douloureux des dangers de politiques étatiques autoritaires et assimilationnistes de l’État turc. Alors que la Turquie continue de lutter avec les diverses identités ethniques et religieuses, la mémoire de Dersim reste un symbole puissant de la résistance contre l’oppression et de la quête de reconnaissance et de justice.
Une politique turque hostile à Dersim héritée de l’empire ottoman
Alors, peut-on dire que les tribus ont pris part à la résistance contre le massacre?
Certaines tribus ne participent pas à la résistance. Mais ce n’est pas seulement un cas spécifique à Dersim. Dans toutes les sociétés où le féodalisme est fort, il est extrêmement facile de profiter des conflits internes et d’activer la dynamique interne de ces sociétés. En fait, en s’en prenant à Dersim, on cible Seyid Rıza. Parce qu’il y a la lettre qu’il a envoyée à Sèvre en 1920. La raison pour laquelle Dersim est une cible est l’insistance de Dersim en kurdicité.
*Des documents fuités en mai 2019 révélaient que le fondateur de la Turquie, Ataturk avait acheté des armes chimiques à l’Allemagne nazie (1937) pour les utiliser lors du massacre des Kurdes à Dersim.