IRAN – Les otages politiques kurdes, Varisha Moradi et Pakhshan Azizi sont détenues dans la prison d’Evin depuis 8 mois, sans qu’il y ait eu de procès.
Wrisha Moradi, membre de la Société des femmes libres du Kurdistan oriental (KJAR), et Pakhshan Azizi, journaliste kurde et ancienne prisonnière politique, sont toujours détenues dans un état d’incertitude dans la prison d’Evin à Téhéran.
Moradi, dont le nom de code est Jwana Sna, a été accusée d’« insurrection armée » (baghi), passible de la peine de mort, et Azizi a été accusée d’« appartenance à un groupe ou à une organisation visant à porter atteinte à la sécurité nationale ».
Les deux femmes kurdes ont été arrêtées par le ministère du Renseignement en août 2023.
Les cas de Moradi et d’Azizi ont été transmis respectivement aux branches 15 et 26 du tribunal révolutionnaire islamique de Téhéran. Des inquiétudes ont été soulevées quant aux lourdes peines potentielles imposées aux deux femmes.
Moradi et Azizi, arrêtées il y a environ huit mois, sont détenues à la prison d’Evin sans qu’une audience soit prévue pour leurs accusations.
Le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (KHRN) a appris que les deux femmes kurdes se sont vu refuser l’accès à une représentation juridique depuis leur arrestation jusqu’à la publication des actes d’accusation et leur renvoi devant le Tribunal révolutionnaire islamique, une situation aggravée par l’acte d’accusation émis par la branche des interrogatoires d’Evin. Bureau du Procureur, les inculpant en vertu des articles 288 et 499 du Code pénal islamique.
Selon l’article 288 du Code pénal islamique, « Si des membres d’un groupe rebelle sont arrêtés avant de s’engager dans un conflit armé, et s’il existe une organisation et une direction centrale, ils seront condamnés à une peine d’emprisonnement de troisième degré, ou si l’organisation et si les dirigeants centraux sont dissous, ils seront condamnés à une peine d’emprisonnement du cinquième degré ».
En outre, selon l’article 499 du Code pénal islamique, « Quiconque rejoint l’un des groupes, organisations ou branches d’organisations ayant l’intention de porter atteinte à la sécurité nationale sera condamné à une peine d’emprisonnement de trois mois à cinq ans, à moins qu’il ne soit prouvé qu’il n’étaient pas conscients de ses objectifs ».
Moradi a été arrêtée par le ministère du Renseignement le 1er août 2023 à l’entrée de Sanandaj à son retour de Kermanshah, province de Kermanshah, où elle avait été impliquée dans des activités politiques et organisationnelles.
Elle a passé les 13 premiers jours de sa détention au centre de détention de cet établissement de sécurité à Sanandaj, puis a été transférée dans la salle 209 de la prison d’Evin à Téhéran.
Pendant cette période, elle a été soumise à des pressions et à des menaces pour obtenir des aveux forcés et, le 26 décembre 2023, après avoir passé cinq mois en isolement cellulaire, elle a été transférée dans le quartier des femmes de la prison d’Evin.
Avant son implication dans le KJAR, Moradi avait été active au Rojava (Kurdistan syrien) dans la lutte contre l’État islamique (EI) et avait été blessée lors de l’une des attaques de l’EI contre Kobani.
Le 8 novembre 2023, le site Bitawan, affilié au ministère du Renseignement, a rapporté que Moradi et deux autres personnes avaient été arrêtées par ses forces.
Bien que le site Internet n’ait pas précisé la date de leur arrestation, il les a décrites comme des membres du Parti pour une vie libre du Kurdistan (PJAK).
Le 26 septembre 2023, KJAR a publié une déclaration affirmant que Moradi était dans la région pour « mener des activités politiques et organiser les femmes » au Kurdistan.
KJAR a appelé les organisations internationales de défense des droits humains à « prendre les mesures nécessaires concernant la disparition forcée » de son membre.
De plus, Azizi, de Mahabad, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, a été arrêtée à Téhéran le 4 août avec plusieurs membres de sa famille par des agents du ministère du Renseignement.
Alors que les membres de la famille détenus ont été libérés après quelques jours d’interrogatoire, Azizi a été emmené dans la salle 209 de la prison d’Evin.
Le 11 décembre 2023, à la fin de son interrogatoire dans le quartier 209 de la prison d’Evin, elle a été transférée dans le quartier des femmes de la prison d’Evin.
Elle s’est vu refuser le droit d’avoir un avocat et a été menacée et soumise à des pressions de la part des interrogateurs de sécurité pour qu’elle fasse des aveux forcés.
Azizi a entamé une grève de la faim pendant plusieurs jours pour protester contre la torture et les pressions exercées par ses interrogateurs pour qu’ils acceptent les accusations portées contre elle et fassent des aveux télévisés.
Elle a nié toutes les accusations, affirmant qu’elle n’avait travaillé que comme assistante sociale et traductrice dans les zones de conflit du Rojava pendant plusieurs années.
Les agents du ministère du Renseignement ont cité les rencontres d’Azizi avec certaines des familles des manifestants tués lors du soulèvement antigouvernemental de Femmes, Vie, Liberté comme exemples des accusations portées.
Azizi, diplômé en travail social de Mahabad, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, a été arrêté pour la première fois par les forces de sécurité le 16 novembre 2009 lors d’un rassemblement d’étudiants kurdes à l’université de Téhéran pour protester contre les exécutions politiquement motivées au Kurdistan, et a été libéré sous caution au bout de quatre mois.
Elle vivait dans la région du Kurdistan irakien depuis quelques années.