TURQUIE / KURDISTAN – Les municipalités turques, en particulier celles de l’AKP ayant confisqué les mairies kurdes, ont intensifié leurs ventes de propriétés à l’approche des élections locales du 31 mars, suscitant des inquiétudes quant à l’épuisement potentiel des biens publics et à l’impact à long terme sur les communautés locales et le développement urbain.
Les municipalités turques ont intensifié leurs ventes de propriétés à l’approche des élections locales du 31 mars, suscitant des inquiétudes quant à l’épuisement potentiel des biens publics et à l’impact à long terme sur les communautés locales et le développement urbain.
Cette tendance est plus répandue dans les municipalités sous le contrôle du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir.
Selon Tolga Güney de l’agence Mezopotamya, entre l’annonce du calendrier électoral du 1er décembre et le 20 janvier, un total de 107 offres de vente de propriétés ont été répertoriées dans le Journal officiel, la majorité émanant de municipalités dirigées par l’AKP.
Ces ventes sont principalement réalisées par le biais de processus d’appel d’offres fermés. Le jour de l’annonce du calendrier électoral, le Journal officiel a publié des avis de vente de propriétés par six municipalités, dont celles de Siverek (Sîwereg) à Urfa (Riha) et Kadıköy à Yalova, toutes deux sous administration de l’AKP. Les annonces couvraient une gamme de propriétés résidentielles et commerciales dans diverses régions.
Les municipalités dirigées par l’AKP se distinguent par leurs ventes immobilières à grande échelle. Parmi celles-ci, citons la vente par la municipalité d’Elazığ de 13 terrains à des fins de développement résidentiel et commercial et l’offre de vente par la municipalité d’Eyüpsultan à Istanbul d’un grand terrain résidentiel à Kemerburgaz.
Des ventes supplémentaires à grande échelle ont été réalisées par les municipalités de Konya, Ankara, Giresun et Kayseri. Des ventes similaires sont également visibles dans les municipalités où des administrateurs ont été nommés à la place des élus kurdes du Parti démocratique des peuples (HDP), notamment à Van (Wan), où il y a eu un effort concerté pour vendre un nombre important de propriétés publiques.
Les municipalités dirigées par le Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d’opposition, ont également été actives dans les ventes de propriétés, notamment à Ankara et à Istanbul, où de nombreuses transactions ont été réalisées au cours des 50 jours couverts par le rapport de MA. Les ventes comprenaient des propriétés dans divers quartiers d’Ankara et des terrains à Kağıthane, Pendik et Eyüpsultan à Istanbul.
Les municipalités du Parti du mouvement nationaliste (MHP), autre membre de la coalition gouvernementale, se sont également lancées dans des ventes de propriétés. La municipalité d’İncesu à Kayseri et la municipalité d’Oğuzeli à Dilok font partie de celles qui ont annoncé la vente de plusieurs parcelles.
Il existe des cas documentés de mauvaise gestion financière et d’irrégularités juridiques dans diverses municipalités de Turquie, en particulier dans les administrations fiduciaires des villes à majorité kurde.
Par exemple, les municipalités sous tutelle ont rapidement épuisé leurs ressources, contractant des dettes massives, comme le notent les rapports de la Cour des comptes turque (Sayıştay). Les achats illégaux, sans appel d’offres ouvert, constituent également un problème.
Les administrateurs ont eu recours à la vente d’actifs municipaux, notamment de vastes étendues de terrain et de bâtiments municipaux, pour tenter de récupérer une partie de leurs pertes. Les analystes soupçonnent fortement qu’il existe un autre objectif : transférer la richesse publique entre des mains privées en la vendant à des partisans à un prix réduit.