PARIS – Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) publie un communiqué suite à la conférence de presse qu’il a organisée à l’occasion du lancement de la campagne internationale contre l’isolement carcéral et pour la libération d’Abdullah Öcalan, chef historique du PKK tenu en isolement carcéral absolu en Turquie et dont les Kurdes exigent la libération pour résoudre pacifiquement la question kurde.
Voici le communiqué du CDK-F:
« La conférence de presse organisée dans les locaux du CDK-F, à l’occasion du lancement de la campagne internationale contre l’isolement carcéral et pour la libération d’Abdullah Öcalan, a réuni un panel d’intervenants engagés. Voici un compte rendu des principales interventions lors de cet événement :
Frédéric Mathieu, député d’Ille et Vilaine, Coprésident du groupe d’étude kurde à l’Assemblée nationale, a regretté que le leader kurde Abdullah Öcalan soit méconnu du grand public en Europe, considérant que sa libération serait un moteur puissant pour la paix au Moyen-Orient et en particulier au Kurdistan. Il a exprimé sa préoccupation quant à l’isolement total d’Öcalan depuis mars 2021, qualifiant cela de mauvais traitement contraire aux normes internationales des droits humains. Mathieu a également souligné le rôle d’Öcalan dans la théorisation du confédéralisme démocratique, une expérience démocratique stable mise en œuvre depuis plus de dix ans au Kurdistan syrien. Il a conclu en affirmant que la libération d’Abdullah Öcalan pourrait apporter la paix en Turquie et dans le nord de la Syrie, gravement touché par les frappes turques.
Jean-Christophe Sellin, co-coordinateur national du Parti de gauche, a rappelé la « lourde charge symbolique attachée au lieu où se déroulait la conférence de presse, le 16 rue d’Enghien, frappé par un attentat terroriste le 23 décembre 2022. Il a demandé que le gouvernement français accélère l’enquête sur cette affaire et exigé la levée du secret-défense sur le triple féminicide de Sakine, Rojbîn et Leyla, militantes kurdes assassinées le 9 janvier 2013 à Paris par un agent du MIT (services de renseignements turcs). Il a parlé de l’expérience démocratique du Rojava, qui est actuellement « sous les bombes » de la Turquie. « Au moment où le terrorisme agit de part et d’autre au Moyen-Orient, nous voyons qu’il y a un terrorisme d’État à l’oeuvre avec les frappes de l’armée turque appuyées par les djihadistes au sol, ces même djihadistes qui ont été combattus et chassés notamment par les femmes de Kobanê en 2014 », a-t-il déclaré. Rappelant que « l’armée du dictateur Erdogan » était membre de l’OTAN, il a plaidé pour la sortie de la France de l’alliance militaire. Il a conclu en affirmant qu’Öcalan était un symbole, comparable à Nelson Mandela, et que sa libération était essentielle pour une solution politique.
Pascal Torre, universitaire, co-coordinateur de la Coordination nationale Solidarité-Kurdistan (CNSK), a souligné les conditions illégales de détention d’Abdullah Öcalan depuis 1999, évoquant une violation manifeste du droit international et des droits humains. Il a mis en avant le rôle d’Öcalan en tant que leader historique du peuple kurde et son engagement en faveur de la démocratie, du féminisme, de l’écologie et du progrès social. Torre a rappelé les offres de cessez-le-feu unilatéral d’Öcalan depuis sa prison et a plaidé pour sa libération en tant qu’interlocuteur légitime. Il a également insisté sur la nécessité de retirer le PKK de la liste des organisations terroristes.
Benoit Martin, secrétaire général de l’Union départementale CGT Paris, a exprimé la solidarité de la CGT envers le peuple kurde et a rappelé les attentats contre les Kurdes à Paris en décembre 2022 et janvier 2013. Il a souligné que la libération d’Abdullah Öcalan serait une source d’apaisement et a salué l’expérience démocratique du Rojava, source d’inspiration et d’espoir « pour la construction d’une société égalitaire et démocratique ».
Renée Le Mignot, Présidente honoraire du MRAP, a commencé son intervention avec cette question: « Pourquoi la bataille pour la libération d’Abdullah Öcalan est fondamentale? ». Elle a mis en avant la nécessité de la libération d’Abdullah Öcalan pour des raisons de droit, humanitaires et politiques. Qualifiant l’enlèvement d’Öcalan en 1999 d’acte de piraterie internationale, elle a souligné que sa détention dans des conditions inhumaines et le manque d’informations sur son état de santé sont des violations des droits humains . « La France et l’Union européenne doivent exiger un réponse de la Turquie, membre de l’OTAN », a-t-elle ajouté. Elle a plaidé en faveur d’une solution politique à la question kurde, rappelant qu’Öcalan avait proposé un processus de paix en 2013, qui avait été sabordé par le président turc Erdogan. Le Mignot a affirmé que la question kurde ne concerne pas seulement les Kurdes, mais tous les citoyens de Turquie, et que la démocratie en Turquie ne sera pas possible sans résoudre cette question dans le respect des droits du peuple kurde. Elle a également plaidé pour le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes, citant les nombreuses offres de cessez-le-feu du mouvement kurde. Elle a rappelé à cet égard une décision rendue en 2018 par le Tribunal Permanent des Peuples, considérant que le conflit armé qui oppose le PKK et l’armée turque est soumis au droit international et que, par conséquent, le PKK ne peut être considéré comme une organisation terroriste. Enfin, Renée Le Mignot a critiqué l’utilisation du terme « terroriste » pour qualifier tous les mouvements de résistance, rappelant l’exemple de Nelson Mandela et d’autres résistants qualifiés de terroristes dans le passé.
Yves-Jean Gallas, membre du bureau national du Mouvement de la Paix, a souligné les agressions de l’armée turque dans la région, rappelant l’importance de sortir de l’OTAN. Il a mis en avant le besoin de solidarité entre les peuples et la convergence des luttes pour la paix basée sur les droits de l’homme et les valeurs démocratiques. « Si on veut sortir de cette situation, si on veut que les droits du peuple kurde soient enfin reconnus, si on veut que le véritable terroriste soit désigné en la personne de M. Erdogan, c’est à nous tous de nous mobiliser », a-t-il conclu.
Violeta Gallardo, du Syndicat Solidaires, a déclaré que « Solidaires se tient aux côtés du peuple kurde pour réclamer la fin de l’isolement auquel Abdullah Öcalan est soumis illégalement et sa libération, seule garantie pour une solution et un statut politique pour le Kurdistan ». Elle a condamné les exactions et les crimes de guerre commis par l’armée turque dans le nord et l’est de la Syrie. Elle a appelé à la fin de l’isolement d’Abdullah Öcalan et à sa libération, ainsi qu’à la reconnaissance des droits du peuple kurde.
Ara Toranian, Coprésident du CCAF, qui n’a pas pu participer à la conférence de presse, a adressé un message dans lequel il a évoqué l’impérialisme et le fascisme turcs, ainsi que l’annexion militaire du Haut-Karabagh par l’Azerbaïdjan. « Face à cette situation intolérable, a-t-il ajouté, l’heure est plus que jamais à la solidarité entre les peuples de la région épris de liberté et à la convergence des luttes pour l’instauration d’une paix régionale fondée sur les droits de l’homme, les valeurs démocratiques et les droits des peuples. »
Conseil Démocratique Kurde en France