Le magazine féministe kurde, Jineolojî rend hommage à Nagihan Akarsel à l’occasion du premier anniversaire de son meurtre au Kurdistan irakien par des agents turcs et déclare que depuis un an, dans le monde entier, on scande le slogan « jin, jiyan, azadi » (femme, vie, liberté), pour lequel Nagihan a œuvré toute sa vie.
Voici le communiqué du magazine Jineolojî publié à l’occasion du premier anniversaire de Nagihan Akarsel:
« Nous avons besoin d’une voix qui appelle à la cascade d’émotions et de pensées de l’époque… Une voix qui raconte le présent autant qu’il est ancien et archaïque… Une parole qui nous fait sentir que nous ne sommes pas seuls dans le univers et complète notre énergie. C’est ce que Nagihan a écrit dans son dernier article à notre magazine avant d’être assassinée. Aux femmes, à l’énergie des femmes, Avec sa croyance poétique dans sa lutte… Avec chacun de ses mots et de ses écrits, elle a apporté l’âme qui avait été retirée de la conscience se rapprochait de la conscience, et elle trouvait toujours des moyens de donner un sens à la vie qui avait été asséchée et séparée de l’âme.
Parfois, elle écrivait le sentiment et l’émotion suscités par un vieil homme assis sous un arbre et réfléchissant à la masculinité, parfois elle plaçais les paroles prononcées par une femme dans une commune au cœur de la question de savoir à quoi devrait ressembler la politique, mais elle était toujours préoccupée par la vie, à quoi devrait ressembler une belle et bonne vie…
Elle organisait la naïveté, dans toutes les difficultés, en proie à la guerre, aux massacres et aux massacres. Elle enseignait l’esthétique de la lutte et ce que devrait être le langage d’une vie honorable.
Elle a dit que cela signifiait ; Elle inspire avec des regards clairs comme l’étincelle dans les yeux d’un nouveau-né… Et elle pensait ainsi, écrivait ainsi, s’organisait ainsi. Ses yeux sont aussi brillants que ceux d’un nouveau-né. C’était plein de sens.
Dans ce monde où le combat relève de la responsabilité des hommes, elle est devenue la boussole qui montre comment être une guerrière, se battre en tant que femme et comment les femmes peuvent résister. Elle était l’incarnation d’une nouvelle vie libre avec son langage, sa conscience, sa plume et toute son esthétique. Le 4 octobre 2022, ils ont assassiné Nagihan à Suleymaniye. Son identité de femme libre a été mise à mal dans les rues où elle marchait pour travailler dans une bibliothèque féminine à Sulaymaniyah. Dans la lutte contre la violence d’État masculine, à laquelle elle a consacré toute sa vie, elle a été une fois de plus considérée comme la cible des hommes et de l’État.
Exactement un an s’est écoulé depuis son assassinat. Les organisateurs et les tueurs à gages de cet assassinat pensaient qu’en tirant sur Nagihan, ils saperaient sa lutte. Pourtant, depuis un an, résonnent dans les rues du monde, les voix des « jin, jiyan, azadi », pour lesquelles Nagihan s’est battue étape par étape. Cette voix qui nous fait sentir que nous ne sommes pas seules dans l’univers…
On a vu que ce qui était prévu avec le massacre ne s’est pas produit et on a fait savoir que cela n’arrivera pas. La lutte de Nagihan, comme celle de toutes les femmes assassinées avant elle, est un héritage pour nous, une dette envers nous et une justification de notre lutte. Notre plus grand objectif restera d’étendre la lutte pour la liberté des femmes, de construire une vie libre et égale et de faire des utopies de Nagihan une réalité. (…)