IRAN – Armita Garavand, une adolescente kurde de 16 ans qui a perdu connaissance dimanche suite à une agression perpétrée par la « police des mœurs » dans le métro de Téhéran, est dans un hôpital militaire et les forces de sécurité font pression sur sa famille pour empêcher toute publication d’informations. Malgré cela, une photo de la jeune femme intubée a été publiée par l’ONG des droits humains Hengaw qui appelle les organisations internationales à faire la lumière sur cette affaire grave qui rappelle les conditions dans lesquelles Jina Amini a été tuée par la même police des mœurs il y a tout juste un an.
Selon les informations fiables obtenues par Hengaw, des agents de sécurité du gouvernement ont saisi les téléphones portables de tous les membres de la famille d’Armita, soupçonnés d’avoir envoyé ses photos après la publication d’une image d’Armita aux soins intensifs de l’hôpital Fajr de l’armée de l’air à Téhéran.
Hier soir, les médias affiliés au gouvernement ont publié une interview des parents d’Armita. Dans cette interview, la mère d’Armita a déclaré : « Nous ne savons pas ; ils ont dit qu’elle s’était effondrée. » L’interview suggère que malgré la pression, les parents d’Armita ne savent rien des raisons de son coma.
L’une des sources proches de la famille a révélé à Hengaw que cet entretien a été enregistré dans les locaux de l’hôpital Fajr et sous pression des forces de sécurité.
Hengaw a publié hier soir pour la première fois une image d’Armita Garavand dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital Fajr. La source référente de Hengaw a déclaré que l’état de santé d’Armita ne s’est pas amélioré et qu’elle est toujours dans le coma.
L’ensemble des locaux de l’hôpital Fajr, en particulier l’unité de soins intensifs, est sous le contrôle strict des forces de sécurité depuis l’hospitalisation d’Armita. Les forces de sécurité contrôlent toutes les activités, mouvements, et l’accès des individus à l’hôpital.
Armita Garavand a été transférée à l’hôpital après avoir perdu connaissance après avoir été attaquée par la « Police des mœurs » chargée de faire respecter le port du voile obligatoire à la station de métro Shohada à Téhéran dans la matinée du dimanche 1er octobre 2023.
Considérant l’histoire de la République islamique de dissimulation de la vérité et de déni continu des crimes commis, en particulier des meurtres commis par l’État comme dans le cas de Jina Mahsa Amini, et du manque de confiance dans les institutions gouvernementales, Hengaw appelle à un examen de l’état de santé d’Armita Garavand par un médecin d’une équipe indépendante composée de Médecins sans frontières et du bureau du Comité international de la Croix-Rouge (situé à Téhéran) avec la présence d’un représentant du Comité de recherche de la vérité des Nations Unies pour l’Iran.