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IRAN. Une adolescente kurde victime de la « police du hijab » dans le métro de Téhéran

IRAN – Armita Garawand, une adolescente kurde de Kermanshah, est dans le coma depuis deux jours après avoir été agressée par la « police du hijab » dans une rame du métro de Téhéran. Elle est hospitalisée dans des mesures de sécurité strictes à l’hôpital Fajr de l’armé de Téhéran. Une journaliste qui s’était rendue à l’hôpital a été arrêtée par les mollahs qui veulent étouffer l’affaire comme lors du meurtre de Jina Mahsa Amini* il y a un an.

Selon le rapport reçu par l’organisation de défense des droits humains Hengaw, en début d’après-midi du dimanche 1er octobre 2023, Armita Garawand, 16 ans, originaire de Kermanshah et résidente de Téhéran, a été arrêtée par les agents femmes de la police du hijab sur la ligne de métro Shohada à Téhéran pour ne pas porter le voile obligatoire. Elle a été agressée par femmes policières et été transportée à l’hôpital inconsciente, avec un traumatisme crânien.

 

Armita Garavan, prenant un selfie, poussée du métro et dans un lit d’hôpital après avoir perdu connaissance. Via Hengaw

En raison de la présence importante des forces de sécurité à l’hôpital Fajar, il n’est pas possible pour sa famille de rencontrer cette adolescente. Hier, une journaliste qui s’était rendue dans ce centre médical pour réaliser un reportage a été immédiatement arrêtée par les forces de sécurité. Maryam Lotfi, la journaliste travaillant pour le journal Shargh, a été libérée quelques heures après que l’affaire ait été signalée aux médias.

Depuis que l’état d’Armita a été rendu public, tous les médias gouvernementaux ont nié que cette adolescente ait été battue et les responsables gouvernementaux ont également affirmé qu’il n’y avait pas eu d’agression physique. Ces affirmations sont faites uniquement sur la base d’une courte vidéo coupée de l’extérieur du train.

En outre, les médias gouvernementaux, citant des responsables du métro de Téhéran, ont fait état de « baisse de tentions » d’Armita Gravand. En raison de la forte présence sécuritaire à l’hôpital et de l’absence d’autorisation de visite, l’opinion publique s’inquiète de la répétition du scénario de la mort de Jina Amini.

En revanche, au cours des deux derniers jours, aucune nouvelle n’a été publiée concernant la famille de cette adolescente, y compris son père Bahman Garavand et sa mère Shaheen Garawand. La famille est sous strict contrôle de sécurité afin d’empêcher la fuite de toute information sur l’état de santé d’Armita.

Masoud Dorosti, PDG de la société d’exploitation du métro de Téhéran, a nié toute implication dans l’incident lors d’un entretien avec l’agence de presse officielle IRNA.

Il a affirmé que la jeune fille n’avait eu « aucune altercation verbale ou physique avec les passagers ou le personnel du métro ».

Dans les images de vidéosurveillance diffusées par IRNA montrant l’incident, on peut voir trois écolières, qui ne portent pas de foulard, entrer dans un train. Quelques instants plus tard, un groupe de passagères sort du train une jeune fille apparemment inconsciente et la pose sur le quai.

Aucune image provenant de caméras de surveillance potentielles à l’intérieur du train n’a jusqu’à présent été mise à disposition.

Des informations en provenance de Téhéran suggèrent la présence de mesures de sécurité renforcées autour de l’hôpital Fajr ce soir, y compris un déploiement important de personnel de sécurité dans la zone.

Maryam Lotfi, une journaliste du journal Shargh qui s’est rendue à l’hôpital pour rendre compte de l’état de la jeune fille, a été arrêtée par les forces gouvernementales.

Les agences judiciaires et de sécurité iraniennes n’ont fourni aucune raison officielle pour l’arrestation de Lotfi, mais il semblerait que le but était d’empêcher la publication d’informations sur les blessures de la jeune fille.

Des informations ont été publiées hier suggérant que la jeune fille s’est évanouie après s’être cognée la tête contre une surface métallique.

Ces derniers mois, les autorités ont imposé le hijab obligatoire pour les femmes et les filles, de manière particulièrement stricte dans les stations de métro de Téhéran.

En août, le journal en ligne Faraz révélait que la municipalité de la capitale avait embauché 400 « agents du hijab ».

Selon le rapport, qui n’a pas été démenti par les membres du conseil municipal de Téhéran, la mission de ces agents chargés de faire respecter le hijab est d’émettre des avertissements verbaux, d’empêcher les femmes sans hijab d’entrer et de remettre les contrevenantes à la police.

*Le 16 septembre 2022, Jina Amini, une jeune femme kurde de 22 ans, mourrait dans un hôpital de Téhéran après 3 jours passés dans le coma suite aux coups reçus des membres de la police des mœurs qui l’avaient arrêtée pour un voile « mal porté ». Le meurtre barbare de Jina avait déclenché les manifestations anti-régime qui ont secoué tout le pays sous le slogan kurde « jin, jiyan, azadî (femme, vie, liberté) ».