Suite à l’annonce de la visite prochaine d’Erdogan en Irak, alors que le pays est assoiffé à cause des barrages construits par la Turquie sur les rives du Tigre, au Kurdistan du Nord, en plus de la présence des soldats turcs dans la région kurde d’Irak, un écrivain irakien déclare que le président irakien évitera d’évoquer la question de l’eau lors de la venue de son homologue turc à Bagdad, pour ne pas froisser le sultan néo-ottoman.
L’écrivain irakien, Farouk Youssef estime que l’équilibre des forces dans la région est perturbé, que l’Irak ne peut plus défendre ses intérêts et qu’il n’a aujourd’hui d’autre choix que de se plier à la volonté des autres, aussi injuste soit-elle.
Quiconque croit que l’Irak obtiendra sa part de l’eau que la Turquie a saisie à l’État en amont grâce à un dialogue discret avec son président est soit naïf, soit délirant. Dans les deux cas, il est loin de réaliser que Recep Tayyip Erdogan est venu à Bagdad pour vendre de l’eau, selon une analyse par l’écrivain irakien Farouk Youssef.
L’écrivain irakien souligne que l’homme (Erdogan) qui a vendu contre de l’argent les réfugiés syriens à l’Europe ne peut pas vider les barrages turcs ou arrêter d’en construire de nouveaux pour la vie écologique dans les marais d’Irak.
Farouk Youssef estime que les Irakiens jouissaient de leur héritage de l’eau à cause du pouvoir de leur État, mais aujourd’hui ils ont perdu à jamais ce privilège. Même si le Premier ministre irakien a laissé entendre qu’il mettrait le dossier de l’eau sur la table des négociations avec le président turc, cela n’arriverait jamais compte tenu de l’indifférence des gouvernements irakiens successifs face à la question de la pénurie d’eau, qui remonte à vingt ans.
Dès lors, Muhammad Shia al-Sudani ne risquera pas de troubler l’humeur de son invité par un dialogue absurde, sachant d’avance que son pays n’a pas la capacité d’imposer ses conditions à l’autre partie, écrit Youssef qui ajoute que l’équilibre des pouvoirs dans la région a été perturbé, proclamant la sortie de l’Irak de l’équation politique régionale, et qu’il n’est plus en mesure de dire un mot même sur ses intérêts, et qu’il n’a aujourd’hui d’autre choix que de se soumettre à la volonté des autres, aussi injuste soit-elle.
La marginalisation de l’Irak n’est pas seulement liée à son rôle arabe et régional, mais aussi à sa position sur ses intérêts vitaux, au premier rang desquels se trouve la question de l’eau, qui est un enjeu crucial.
ANF