TURQUIE – 19 personnes, dont l’avocate kurde Eren Keskin et des mères du samedi, ont été arrêtées lors de l’attaque policière contre la 951e veillée hebdomadaire des mères du samedi, qui se sont réunies sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour s’enquérir du sort de leurs proches disparus. Les détenus ont été libérés quelques heures plus tard.
Les mères du samedi, des députés et des défenseurs des droits qui défilaient dans la rue Istiklal avec des œillets à la main ont été assiégés par la police à l’approche de la place. Les journalistes qui voulaient couvrir l’événement ont été battus et éloignés de la place.
Alors que la coprésidente du HDP, Buldan, faisait une déclaration, la police a fréquemment annoncé la décision d’interdiction prise par le bureau du gouverneur du district de Beyoğlu. Après l’annonce de la police, 19 personnes ont été interpellées, dont de nombreuses Mères du Samedi et défenseurs des droits.
Les personnes détenues étaient: Eren Keskin, Hanife Yıldız, İkbal Eren Yarıcı, Maside Ocak, Hanım Tosun, Mikail Kırbayır, Ali Ocak, Gülseren Yoleri, Leman Yurtsever, Cihan Kaplan, Hatice Onaran, Fırat Akdeniz, Nazim Dikbaş, İsmail Yücel, Hünkar H üdai Yurtsever, Arda Yüksel et Marie Barres.
Depuis 28 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque
Il y a 28 ans, les Mères du Samedi (en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » déclarent que l’État turc n’a jamais enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.
Le 25 août 2018, les autorités turques ont annoncé que le gouvernement avait interdit la réunion. Suite à cette annonce, lors de leur 700ème manifestation pacifique, les mères de samedi ont subi des violences policières et plusieurs des participants ont été arrêtés, dont Emine Ocak, une mère de plus de 80 ans. Par la suite, la cour constitutionnelle turque a déclaré que la police avait violé le droit de manifester des Mères du Samedi, en les arrêtant, mais manifestement la police d’Erdogan refuse de se conformer aux lois de son propre pays.
Le 5 mai dernier, la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe dénonçait les violations des droits en Turquie, en attirant l’attention sur les violences subies par les Mères du Samedi : « Les autorités ne respectent toujours pas le droit à la liberté de réunion pacifique des « Mères du samedi » et des autres personnes qui manifestent ce jour-là pour demander que la lumière soit faite sur la disparition de leurs proches, alors que la Cour constitutionnelle turque a déjà conclu deux fois à la violation de leur droit de manifester. Les membres de ce groupe font même l’objet d’une procédure pénale, engagée tout récemment, pour avoir exercé ce droit. La manière dont sont traitées les « Mères du samedi » est une illustration supplémentaire des risques inhérents à un contexte dans lequel les droits humains ne sont pas protégés de manière effective. »