TURQUIE / KURDISTAN – Le barreau de Diyarbakır a condamné les propos du ministre turc de l’Intérieur ciblant les avocats kurdes détenus lors d’arrestations politiques survenues à la veille des élections turques.
Le barreau de Diyarbakır a déclaré que les propos du ministre Soylu visaient à criminaliser les avocats et violaient la présomption d’innocence.
Le ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu a suscité des critiques lors d’un rassemblement avec le personnel de la Direction générale de la sécurité à Istanbul, alors qu’il faisait des remarques associant des avocats kurdes au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
« Quand les avocats du PKK seront mis derrière les barreaux, vous ne verrez plus rien du PKK en Turquie », a-t-il déclaré lors de l’événement d’hier.
L’association du barreau de Diyarbakır a répondu aux paroles de Soylu, soulignant comment sa rhétorique criminalise la profession juridique.
Dans un communiqué écrit, le barreau a déclaré: « Le ministre de l’Intérieur, le 24 avril, a fait une déclaration similaire sur son compte Twitter accompagnée d’images d’une opération, la qualifiant d’« opération contre des avocats travaillant pour le compte d’organisations terroristes ».
Cette déclaration a violé la présomption d’innocence et influencé la justice. En conséquence, quatre de nos collègues ont été illégalement arrêtés uniquement pour leurs activités professionnelles.
Nous sommes également conscients que la déclaration malheureuse et ciblée du ministre de l’Intérieur porte la menace d’une nouvelle enquête.
Nous sommes dans un processus où les droits et libertés fondamentaux sont arbitrairement brimés, où les avocats, ainsi que les défenseurs des droits de l’homme, les organisations professionnelles et les organisations de la société civile qui leur sont associées, sont visés par la justice et soumis à des menaces de sanctions.
Malgré tout, nous tenons à rappeler une fois de plus que l’avocat est un représentant indépendant de la défense libre, qui est l’un des éléments fondateurs de la justice, garantissant l’accès à la justice et un procès équitable à tous les citoyens. (…) Nous n’acceptons pas ce langage criminalisant et ciblant notre profession. » (Bianet)