TURQUIE / KURDISTAN – Lors des élections présidentielles et législatives du 14 mai, dans plusieurs localités kurdes, le Conseil électoral supérieur (YSK) a enregistré les voix reçues par le parti « kurde » Yesil Sol au profit des partis de la coalition gouvernementale AKP / MHP et celles reçues par le candidat présidentiel Kiliçdaroglu au profit du président Erdogan.
Les résultats des élections présidentielles et législatives turques du 14 mai sont encore incertains et les soupçons de fraude électorale grandissent.
Des irrégularités ont été constatées dans le décompte officiel de 2.269 urnes à la présidentielle et de 4.825 urnes à l’élection législative, a annoncé mercredi le principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP).
Cette déclaration est intervenue après que de nombreuses irrégularités ont été révélées mardi lorsque le Parti de la gauche verte (Yesil Sol) a découvert que dans de nombreuses urnes, les votes pour le parti avaient été officiellement enregistrés par le Conseil électoral suprême au profit d’autres partis, en particulier à celui du Parti du mouvement nationaliste (MHP) allié du parti d’Erdogan.
D’innombrables urnes de toute la Turquie falsifiées dans les registres officiels
Après que le conseil électoral a mis les dossiers électoraux à la disposition des partis politiques mardi, le Parti de la gauche verte a fait appel des résultats de plus de 1 000 urnes au motif qu’ils avaient été falsifiées au moment de leur enregistrement sur le site du Conseil Électoral, Mehmet Rüştü Tiryaki, le représentant du parti au conseil électoral, a annoncé dans un communiqué de presse hier. Tiryaki a également déclaré qu’ils examineraient toutes les données officielles de 193 000 urnes et feraient appel des résultats de chaque urne où ils trouveraient des divergences.
Suite à l’annonce par le Parti de la gauche verte que ses votes avaient été enregistrés pour le parti au pouvoir ou ses alliés, les électeurs se sont rendus sur les réseaux sociaux tout au long de la journée pour partager les irrégularités qu’ils ont découvertes en comparant et en vérifiant les rapports originaux des bureaux de vote recueillis par un groupe indépendant d’observation des élections publiées sur le site Internet du CHP avec les données du Conseil suprême électoral.
Selon les messages, d’innombrables urnes de toute la Turquie ont été falsifiées dans les registres officiels, entraînant invariablement le transfert des votes des partis d’opposition au Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir et à ses alliés.
Ces développements ont déclenché la fureur des électeurs de l’opposition, qui étaient déjà déçus des résultats des élections, et des appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour une répétition des élections ou un recomptage.
Le Parti des travailleurs de Turquie (TİP), membre de l’Alliance du travail et de la liberté dirigée par le Parti de la gauche verte, a annoncé que les votes pour eux n’avaient pas non plus été enregistrés dans un certain nombre d’urnes et qu’ils vérifiaient également les urnes et présenteraient des recours.
« Nous continuerons de vérifier chaque vote », ont déclaré les responsables du CHP, ajoutant que toutes les urnes ont été vérifiées, que des appels ont été faits contre des enregistrements qui ne correspondent pas et qu’ils publieraient les résultats des appels.
Bureau de communication présidentiel: « une manipulation visant à provoquer l’opinion publique »
Mais l’ambiguïté sur la question ne se limite pas à cela. Lorsque les résultats officiels du Conseil électoral suprême publiés sur le site du CHP ont été comparés aux rapports originaux des bureaux de vote, des divergences ont été constatées qui auraient pu modifier les résultats des élections en faveur de l’opposition, et des centaines de milliers de messages montrant la documentation des incohérences ont été partagé sur les réseaux sociaux.
Mais en fin d’après-midi de mardi, le Centre de lutte contre la désinformation rattaché à la Direction présidentielle des communications a annoncé que les données sur le site Internet du CHP n’étaient pas les données de l’autorité électorale officielle du pays, qu’il s’agissait de données incorrectes que le CHP lui-même avait saisies dans le système, et qu’il ne reflétait pas les résultats officiels. Selon la présidence, des centaines de milliers d’irrégularités partagées sur les réseaux sociaux ne figuraient en fait pas dans les données officielles et il n’y avait aucune différence entre les rapports originaux des bureaux de vote et les comptes rendus du Conseil électoral suprême.
Le bureau de communication présidentiel a également rejeté les rumeurs circulant sur les réseaux sociaux au cours de la journée selon lesquelles le Parti de la gauche verte avait obtenu des sièges parlementaires à la suite des appels, déclarant que ces affirmations étaient « une manipulation visant à provoquer l’opinion publique ».
Cependant, comme les données officielles du Conseil suprême électoral ne sont pas accessibles au public, les électeurs qui soupçonnent une fraude électorale massive n’ont aucun moyen de le confirmer. De nombreux appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour que le Conseil électoral suprême rende publiques les données officielles, mais l’organisation n’a pas encore répondu aux appels.
Divergences et soupçons
Ajoutant au chaos, le responsable des technologies de l’information et de la communication du CHP a été limogé mardi par son leader, le candidat à la présidence Kemal Kılıçdaroğlu, a rapporté le journaliste İsmail Saymaz. L’incapacité du CHP à publier les résultats des élections tels qu’ils sont sortis le soir des élections a provoqué une réaction violente de la part des électeurs de l’opposition qui ne faisaient pas confiance à l’agence d’État Anadolu. Les divergences qui ont suivi, le limogeage et l’annonce par le bureau de désinformation de la présidence ont fait naître des soupçons selon lesquels le système de suivi des résultats électoraux du CHP ne fonctionnait pas correctement et que bon nombre des irrégularités détectées par le public étaient en fait dues au système du CHP.
Les responsables du CHP n’ont pas commenté ces soupçons, mais ont réitéré qu’ils avaient interjeté appel auprès de la Commission électorale suprême concernant les irrégularités détectées dans des milliers d’urnes et qu’ils publieraient les résultats des appels.
Le Parti de la gauche verte et le TİP ont également poursuivi leur enquête en comparant les rapports originaux des bureaux de vote avec les registres officiels des conseils électoraux et en enregistrant les appels pertinents.
Les responsables du Parti de la gauche verte ont annoncé que bien que les appels soient en cours, ils n’ont pas encore atteint un point qui affecterait les résultats des élections, confirmant que les rumeurs selon lesquelles le parti obtiendrait plus de sièges à la suite des appels étaient fausses.
Medya News