En 2015, l’adolescente kurde, Mutlu Kaya était pressentie comme la favorite d’un concours de chant télévisé en Turquie – jusqu’au moment où elle a reçu une balle dans la tête par un prétendant éconduit. La jeune femme qui a perdu la parole et la mobilité physique a mené un combat acharné pour pouvoir reparler et marcher. Au cours de sa lutte pour revenir à la vie et de ses tentatives pour remettre sa carrière de chanteuse sur les rails, la famille a de nouveau été victime de la violence patriarcale. Cette fois, il a frappé la sœur de Mutlu, Dilek Kaya. Elle a été abattue en mars 2020 à l’âge de 35 ans par un sous-officier turc dont elle a refusé les avances.
Malgré son handicap lourd, Mutlu est engagée aujourd’hui contre les violences faites aux femmes et les féminicides tandis que son agresseur est toujours en liberté*. Son double combat a été porté à l’écran par Ayşe Toprak et Nick Read et il vient d’être primé au Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) de Genève.
Le documentaire « My Name is Happy » (Mutlu signifie « heureux/se » en turc) porte à l’écran la recherche de justice des femmes et survivantes des féminicides et violences masculines.
« Ce film nous a fait ressentir de grandes émotions par son message fort, universel et primordial : la lutte contre les violences faites aux femmes. Ses images et son histoire nous ont bouleversés. La structure du film, qui alterne des plans aux statuts très différents mais remarquablement bien montés, permet de vivre au plus près de la réalité les rebondissements incroyables que vit cette famille. Leur combat et leur détermination guidée par l’amour et la musique incitent à défendre ces combats indispensables et transmet l’espoir d’une société plus juste », écrivait le jury annonçant le prix
Le documentaire « My Name is Happy » a reçu le Prix du Jury des jeunes lors du Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève 2023 qui a eu lieu du 10 au 19 mars.
*L’homme qui voulait tuer Mutlu Kaya – Veysi Ercan – a été condamné par un tribunal turc en 2016 à 15 ans de prison pour tentative de meurtre. Mais Veysi Ercan est en fait libre. En 2020, il a été admis à la prison ouverte pendant trois ans dans le cadre d’une amnistie corona. Le reste de sa peine a été suspendu, ce qui signifie qu’il est libéré sous condition jusqu’en 2025.