Les manifestations anti-régime provoquées par le meurtre de Jina Mahsa Amini le 16 septembre dernier qui ont lieu dans tout l’Iran sont réprimées violement par le régime qui en profite pour massacrer les Kurdes et les Baloutches, peuples marginalisées par l’État colonialiste iranien depuis 100 ans. L’opposition iranienne qui déclare que, si on se débarrasse de la République islamique, tous les problèmes de la société iranienne seront résolus se moque des minorités ethniques et religieuses du pays qui représentent plus de 60% de la population iranienne et qui continueront de subir l’assimilation forcée et la répression tant que leurs droits élémentaires ne seront pas reconnus par l’État iranien, qu’il soit républicain, islamique, laïc ou monarchique, comme le montre l’exemple suivant donné par Dastan Jasim, chercheuse à German Institute for Global and Area Studies (GIGA).
En Iran, quelque soit le régime, les Kurdes sont massacrés depuis 100 ans
Hiwa Hassanpour, frère d’Azad Hassanpour tué jeudi dernier par les forces gouvernementales à Mahabad et enterré hier, raconte le calvaire de cette famille depuis le meurtre d’Azad. Les forces gouvernementales ont tenté de prendre son corps pour l’enterrer dans un lieu tenu secret et lorsqu’elles ont échoué, elles ont affirmé que ce sont les factions kurdes qui l’ont tué. La famille Azad a donc dû garder le corps (comme le montre la photo d’hier) dans le salon afin de pouvoir organiser elle-même les funérailles.
Il remercie les habitants de Mahabad, tous ceux et celles qui ont contribué à préserver cette dignité résiduelle d’un enterrement familial sans armes ni violence et termine son discours par « Jin Jiyan Azadi [femme, vie, liberté] – tant que les femmes ne sont pas libres, notre société n’est pas ».
Ce qui s’est passé au Kurdistan ces derniers jours ne peut pas être mis en mots. Le niveau extraordinaire de violence, l’énorme nombre de morts, le harcèlement et la manipulation de l’État montrent ouvertement la haine que ce régime a pour les Kurdes.
Depuis que j’entends sans cesse « c’est la République islamique qui n’a rien à voir avec l’Iran », je ne peux que dire : ces scènes sont la réalité du Kurdistan depuis 100 ans. Qu’il s’agisse d’une occupation monarchique ou islamique, tant que l’Iran ne réfléchit pas sur lui-même jusque-là, ils sont condamnés à passer d’une dictature à l’autre. C’EST l’Iran et je veux savoir de l’opposition ce qu’ils ont honnêtement l’intention de faire dans un nouvel Iran pour mettre fin au génocide. (Dastan Jasim)