Hier, un attentat a fait 6 mort et des dizaines de blessés à Istanbul / Taksim, sur la rue commerçante d’Istiklal. Comme on s’y attendait, en quelques heures, le régime turc, par la voix de son ministre de l’intérieur, a accusé les Kurdes d’être derrière cet attentat. Ils vont jusqu’à dire que l’ordre de l’attentat a été donné par le « PKK à Kobanê », célèbre ville du Rojava où DAECH / ISIS a essuyé sa première défaite et qu’Erdogan espère envahir tôt ou tard.
Les autorités turques ont arrêté Ahlam Albashir, une réfugiée syrienne originaire d’Idlib, qu’elles accusent d’avoir commis l’attentat. Elle aurait « avoué avoir été formée » par les forces kurdes en Syrie avant d’entrer en Turquie via Afrin pour commettre l’attentat.
De nombreux Kurdes pensent que cet attentat a été planifié par le MIT turc pour créer un prétexte à l’armée turque d’envahir le Rojava car les USA ont dit non à une nouvelle invasion turque en Syrie après Afrin et Serê Kanîyê.
Erdogan profitera du sommet du G20 pour jouer les victimes
Ces mardi et mercredi les dirigeants mondiaux se réunissent à Bali pour le sommet du G20. Erdogan en profitera pour jouer les victimes après l’attentat d’Istanbul et fera pression sur la Suède qui veut rejoindre l’OTAN en leur disant « Regarder le méchant PKK tue des civils. Alors, rendez-nous les Kurdes réfugiés sur votre sol et vous pouvez rejoindre l’OTAN. » Il dira également aux présidents russe et américain qu’ils le laissent envahir le Rojava pour le nettoyer des Kurdes, comme il l’a fait à Afrin et Serê Kanîyê.
PKK et les Kurdes, le bouc émissaire idéal
Une journaliste kurde a déclaré qu’« En Turquie, il faut quelques heures pour identifier l’auteur d’une attaque, pour interroger la personne, pour dire où la personne a reçu une formation et a reçu des ordres, comment la personne est entrée en Turquie. La liste est longue. D’autres gouvernements ont besoin de semaines ou de mois pour clarifier de telles choses ! »
Un autre journaliste prédit qu’Erdogan obligera la Cour constitutionnelle turque à rendre la décision d’interdiction concernant le Parti démocratique des Peuples (HDP), le seul parti luttant pour la résolution pacifique de la question kurde en Turquie.
A qui profite le crime?
L’analyste Frederike Geerdink déclare de son côté que : « Le PKK attaque des cibles militaires dans le sud-est rural de la Turquie et les faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) frappent des cibles militaires/policières dans les villes. L’attentat d’hier visait des civils innocents, ce qui exclut totalement le PKK et le TAK. »
Sara Glynn écrit que « Le gouvernement turc a construit son récit de rêve pour l’attentat d’Istanbul, mais la question que nous devons nous poser est « qui a tout à gagner de l’attaque ? » Indice : ce n’est pas le PKK. »
En effet, après chaque cycle de violence en Turquie, c’est le pouvoir en place qui ressort renforcé du bain de sang. Alors, il est tout à fait naturel que tous les regards se tournent vers Erdogan et ses élections présidentielles de 2023.