SUISSE – Des militants kurdes et suisses ont lancé une pétition pour demander au Parlement fédéral suisse d’imposer des sanctions contre Erdogan qui a commis des crimes de guerre contre les Kurdes.
Une pétition a été lancée pour exiger que le Parlement fédéral suisse impose des sanctions à Erdoğan. L’alliance demandant les sanctions comprend Campax, le Conseil démocratique kurde en Suisse (CDK-S), les Jeunes socialistes suisses (Jungsozialisten Schweiz-JUSO) et Fabian Molina, député du canton de Zurich.
Les organisateurs de la pétition déclarent qu’ils « exhortent le Conseil fédéral et en particulier le président de la Confédération et ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, à condamner les guerres et le bellicisme d’Erdogan dans le nord de l’Irak et dans le nord de la Syrie. Le bellicisme doit avoir des conséquences. Après quelques hésitations, la Suisse a réagi avec des sanctions contre Poutine et la Russie. C’est pourquoi la Suisse doit adopter des sanctions contre l’autocrate Erdogan et son élite. »
La pétition (à signer ici: Sanctions contre la machine de guerre d’Erdogan) de campagne appelle à des sanctions contre Erdogan et ses partisans, affirmant que des sanctions similaires ont été récemment imposées à Poutine.
Fabian Molina a présenté une motion au Parlement suisse avec une demande similaire.
Les signataires de la pétition expliquent les raisons de leur action ainsi:
« Les signataires de cette pétition exhortent le Conseil fédéral et en particulier le président de la Confédération et ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, à condamner les guerres et le bellicisme d’Erdogan dans le nord de l’Irak et dans le nord de la Syrie. Le bellicisme doit avoir des conséquences. Après quelques hésitations, la Suisse a réagi avec des sanctions contre Poutine et la Russie. C’est pourquoi la Suisse doit adopter des sanctions contre l’autocrate Erdogan et son élite.
Pourquoi faut-il agir maintenant ?
Le monde entier regarde l’Ukraine, mais dans l’ombre de l’invasion russe, il y a aussi d’autres conflits qui s’intensifient en ce moment : dans le nord-est de la Syrie et dans le nord de l’Irak, la crainte d’une invasion turque augmente.
Comme l’a rapporté dimanche la NZZ, le 20 juillet, l’armée turque a tué huit touristes* dans une localité kurde du nord de l’Irak. En juin, la Turquie a attaqué la petite ville de Sinune avec un drone, tuant un enfant de 12 ans. Ce ne sont là que quelques-unes des récentes opérations militaires turques en dehors du sol turc.
Ankara justifie les attaques par le fait que la Turquie chasse les terroristes dans les pays limitrophes. Cela ressemble à Poutine quand il justifie sa guerre comme une « opération militaire visant à traquer les nazis Azov en Ukraine ». Nous croyons fermement que la fin ne justifie pas les moyens. En particulier, elle ne justifie pas la violation du droit international et la mort de personnes non impliquées.
Trop hésitante, la Suisse s’est ralliée aux sanctions de l’UE contre la Russie de Poutine dans la guerre en Ukraine. Cette démarche a été critiquée à l’époque. Une fois de plus, le droit international a été violé et la Suisse a la possibilité de jouer un rôle de pionnier dans la politique des sanctions. C’est pourquoi elle doit agir de manière cohérente et sanctionner la Turquie d’Erdogan malgré son adhésion à l’OTAN.
Il y a actuellement une guerre dans le nord de l’Irak et personne ne regarde ou n’en parle. Les reportages médiatiques sont pratiquement inexistants, que ce soit à cause de la pause de l’été ou parce que cela se produit au Moyen-Orient. Il est d’autant plus important que nous diffusions le message. La souffrance est une souffrance et les victimes restent des victimes, quelle que soit leur nationalité ou leur origine. La guerre doit être condamnée et sanctionnée. Il n’y a pas de guerres et de despotes tolérables et supportables.
À la question du député Fabian Molina, le 07.06.2022, « Violation de l’interdiction de la violence selon la Charte des Nations Unies : quelle est la différence entre Poutine et Erdogan ?» ,le Conseil fédéral a répondu que la Suisse était en dialogue avec la Turquie et « qu’elle l’invite, entre autres, à respecter ses obligations en vertu du droit international, en particulier dans le domaine des droits de l’homme et des libertés fondamentales ». L’appel semble presque cynique, car alors que d’autres autocrates sont sanctionnés, nous nous sommes probablement trompés ici dans le niveau d’escalade.
En Turquie, les prisonniers politiques sont torturés à la manière des autocrates, les minorités et les femmes subissent des pressions. Et pour souligner à quel point Erdogan est attaché aux droits de l’homme, la Turquie d’Erdogan a démissionné de la Convention d’Istanbul le 1er juillet de cette année ! Est-ce à cela que ressemble un partenaire de négociation important et un allié de la Suisse ?
Nous exhortons donc le ministre des Affaires étrangères Cassis à agir et à condamner les guerres d’Erdogan et à le sanctionner, lui et son élite. Il s’agit notamment de bloquer l’entrée sur le territoire et de geler les moyens financiers des personnes de son entourage. De plus, il faut veiller à ce qu’aucune arme suisse ne soit utilisée dans ce conflit. Enfin, la Suisse doit s’engager en faveur de la collecte de preuves et d’une enquête indépendante sur les crimes contre le droit international humanitaire. Les fonds de personnes de l’entourage d’Erdogan seront bloqués. De plus, il faut veiller à ce qu’aucune arme suisse ne soit utilisée dans ce conflit. »
La pétition est destinée aux président de la Confédération Ignazio Cassis, chef du Département fédéral des affaires étrangères DFAE, ainsi que du Conseil fédéral dans son ensemble